Tourné en 2010, 13 est le remake de 13 Tzameti, film français de Géla Babluani sorti en 2005 qui remporta un grand succès critique. Comme c’est souvent le cas, les studios américains décidèrent de racheter les droits de l’œuvre. Seulement, c’est Babluani qui a lui même mis en scène son propre remake. Cela nous donnait donc envie car le réalisateur avait la possibilité de transcender son modèle notamment grâce à un budget plus conséquent.
Nous n’avons malheureusement pas vu le film original de Babluani considéré comme une œuvre qui prend aux tripes. Hélas, ce n’est pas vraiment le cas de cette nouvelle adaptation. Réunissant un casting fort en gueules (Jason Statham, Mickey Rourke, Ray Winstone…), 13 nous immisce dans un monde où se regroupent parieurs et joueurs qui n’aspirent qu’à sortir riche de leur victoire. Seulement le jeu en question est plutôt dangereux puisqu’il s’agit de la roulette russe. Le héros du film, le joueur numéro 13 interpété par Sam Riley (Control, 2007) se retrouve embarqué dans un monde cruel qu’il ne connaît pas et duquel il ne ressortira pas indemne.
La mise en scène est vraiment classique et les scènes de tournoi ne sont pas vraiment tendues. Le spectateur n’est pas vraiment attiré par les personnages d’un point de vue émotionnel et au final n’a que faire de leur survie. On est donc bien loin des scènes hyper réalistes de Voyage au bout de l’enfer (1978), le film de Michael Cimino sur la guerre du Viêtnam dans lequel Robert De Niro et Christopher Walken sont forcés de pratiquer la roulette russe pour survivre. Avec toute la sympathie qu’on a pour les acteurs de 13, ils sont bien loin d’atteindre une prestation digne des deux légendes précitées. Le héros est délaissé lors du tournoi par son réalisateur et laisse place à des gangsters avec des grosses lunettes et des beaux costards qui sont pour la plupart complètement inutiles et mal joués à l’image de celui campé par 50 Cent.
Le message social qu’aurait pu évoquer le film sur une société en proie à une violence devenue normale, ou les témoins ne voient qu’à travers les têtes trouées des beaux billets est quasi inexistant. Il est révélé dans des dialogues, des regards et des situations qui finissent par tomber à l’eau car ils sont directement suivis pas des séquences complètement banales. Le film est donc largement en dessous de longs métrages comme Rollerball (1975) et même Live (2007), qui n’était déjà pas exceptionnel.
Le film n’est toujours pas sorti dans les salles françaises et rencontrera probablement une sortie en Direct To Video. Pour le coup, ça tombe bien. Il vaut mieux pour le metteur en scène et les interprètes qu’il passe inaperçu.