Critique : Basic – Les apparences nous mentent

Affiche du film Basic de John McTiernan sur laquelle nous voyons John Travolta et Samuel L. Jackson face à face ainsi que des soldats américains dans la partie basse de l'affiche.

Alors que de nombreuses stars se pavanent à Cannes pour présenter une sélection qui laisse souvent dubitative, John McTiernan continue à croupir en prison pour une sombre histoire d’escroquerie et d’espionnage. Celui qui a réinventé le cinéma d’action dans les années 80 avec Die Hard et Predator ne trouve plus aucun financement pour un nouveau long métrage, et ce depuis un bon moment. Son dernier film est sorti il y a déjà 10 ans. Et comme toute sa filmographie, Basic a vieilli mais ne paraît jamais ridicule.

S’il a vieilli, c’est peut être à cause de son scénario qui manque légèrement d’originalité malgré les (très) nombreux twists qui s’enchaînent durant une heure et demi. Le film démarre sur une mission qui dérape lorsqu’un commando est envoyé dans la jungle pour s’entraîner sous les ordres du sergent West. Mais quand l’un des membres de l’équipe assassine West pour des raisons obscures, les soldats s’entretuent et seulement deux reviennent en vie à leur base. Pour enquêter, l’armée fait appel à un agent de la DEA et un sergent qui ne sont pas au bout de leurs surprises.

Si l’on affirme que le script n’amène rien de nouveau, c’est parce que les thrillers aux rebondissements attendus ont défilé sur grand écran depuis Seven et Usual Suspects. En revanche, ce qui fait de Basic bien plus qu’un simple divertissement du dimanche soir, c’est sa mise en scène qui est un condensé parfait de toute l’œuvre du cinéaste. McTiernan maîtrise tous les détails de son scénario et dissimule dans Basic des indices dès les premières minutes. Le spectateur tique mais passe à autre chose, oublie ces quelques incohérences qui proviennent des regards ou de certains dialogues. Là où un cinéaste débutant aurait signé un vulgaire film d’action misant tout sur sa révélation finale, McTiernan préfère rendre chaque minute importante, provoquer le questionnement du public grâce à des plans évocateurs mais jamais assez pour que l’on soit sûrs de nos suppositions.

La très grande qualité de Basic est de proposer une vision critique de l’armée qui était difficile à amener, en particulier dans un pays comme les Etats Unis. Mais s’il est dénué de tout aspect patriotique à la Michael Bay, Basic n’est en revanche jamais cynique dans son propos et ne bafoue pas les valeurs de l’institution. Tout ce qui est évoqué est plausible et réaliste, mis à part certains rebondissements beaucoup trop spectaculaires pour être pris au sérieux.

Photo de Samuel L. Jackson dans le film Basic de John McTiernan. Dans la jungler, l'acteur est sous un refuge inondé, tient un soldat par la nuque et pointe son arme vers un autre homme en hurlant.

McTiernan a le sens de l’entertainment et alterne flashbacks et interrogatoires avec brio. Nous pensons découvrir une nouvelle pièce du puzzle mais quelques minutes plus tard, elle est balayée par de nouvelles révélations. La narration est parfaite et ce qui aurait pu être une œuvre ennuyeuse à l’image de Suspicion, le remake de Garde à vue sorti trois ans auparavant, se révèle au final une investigation passionnante qui envoie au tapis n’importe quel épisode des Experts, en particulier ceux de Miami.

Le dernier atout majeur du long métrage est son casting. John Travolta réussit là où il se plantait complètement dans From Paris with love. Il cabotine mais ne suscite pas l’énervement. Connie Nielsen, encore auréolée du succès de Gladiator, est crédible dans le rôle de l’enquêtrice qui perd peu à peu sa naïveté et ses scrupules. Le plus impressionnant reste Samuel L. Jackson, terrifiant en instructeur tortionnaire.

Basic fait partie de ce genre de films durant lesquels vous prenez plaisir à vous méfier de tout et à tout remettre en question. Et nous sommes prêts à parier que quelque chose vous échappera.

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