Critique : Batman le défi – La marche de l’empereur

Affiche du film Batman - Le Défi de Tim Burton. Dans l'obscurité, nous distinguons les visages de Batman, Catwoman et le Pingouin. En bas de l'affiche, des pingouins sont visibles.

En ce moment, on n’entend parler que du Batman. Critiques dithyrambiques, attaques faites à Marion Cotillard et ses scènes foirées, approbation totale des fans ou à l’inverse rejet des dernières minutes que beaucoup ont trouvées bâclées et décevantes. Tout a été dit, The Dark Knight Rises bien parti pour être le plus gros succès mondial du super-héros, malgré le drame survenu à Aurora. Tout cet engouement nous a donné envie de redécouvrir le second épisode réalisé par Tim Burton, Batman le défi, qui nous présentait une Catwoman bien différente de celle interprétée par Anne Hathaway.

Batman a vaincu le Joker. Son histoire d’amour avec Vicki n’a pas duré et il retrouve sa vie de millionnaire célibataire. Mais un jour, un mystérieux individu nommé le Pingouin, créature mi-homme mi-poisson sortie tout droit des égouts, débarque dans les rues de Gotham avec des intentions douteuses. Epaulé par Max Schreck, nabab corrompu qui détient les clés de la ville, le Pingouin a bien l’intention de s’emparer du pouvoir et de rattraper toutes ces années perdues sous terre. Le chevalier noir commence à mener l’enquête pour en savoir plus. Sur sa route, il croisera Selina Kyle, ou Catwoman, déterminée à se venger de son patron, Shreck, qui a essayé de la tuer lorsqu’elle a découvert des informations peu recommandables sur sa société.

Oubliez la vision réaliste et chaotique de Christopher Nolan. Ici, nous entrons dans l’univers fantastique de Burton dans lequel se croisent des clowns gangsters, une chatte brûlante qui arpente les toits, un nain à trois doigts se baladant dans un pédalo en forme de canard et un héros qui nous rappelle bien plus Julien Lepers avec ses jolies bouclettes que le sombre chevalier des comics.

Photo de Catwoman incarnée par Michelle Pfeiffer, allongée sur un bureau en costume, dans le film Batman - Le Défi de Tim Burton.

Burton nous immisce dans une première partie glaciale malgré le second degré omniprésent que les acteurs retransmettent à merveille. Oscillant entre femme coincée et véritable féline, Michelle Pfeiffer (Ladyhawke) trouve l’un de ses meilleurs rôles. On a toujours peur que Keaton sorte une carte de sa veste de costard en moquette pour nous balancer un 4 à la suite mais le bougre est toujours crédible et son interprétation est l’une des meilleures de l’homme chauve-souris, toute en subtilité et humour. La grosse surprise vient de Danny Devito (Mars Attacks), showman apparemment stupide qui réserve pourtant de belles surprises à Batman. Enfin, la présence de la légende Christopher Walken (Voyage au bout de l’enfer) ne peut être qu’un avantage pour le film, et son personnage de magnat machiavélique lui va comme un gant.

Petit à petit, l’œuvre bascule dans un délire hallucinant sans pour autant tomber dans le grotesque. Burton est un pro dans l’art de l’exagération et réussit tout ce que Schumacher foirait dans les deux derniers épisodes de la quadrilogie. Il met en scène de jolies scènes d’action et nous offre des séquences jouissives, à l’image du Pingouin contrôlant la Batmobile pour une course poursuite effrénée dans Gotham. Le cinéaste maîtrise son univers cartoonesque, foutraque et ne perd jamais le rythme comme il a pu le faire dans ses dernières œuvres (Dark Shadows). Il prouve qu’il est à tout à fait possible de réaliser des films de commande tout en y apportant sa touche et sa personnalité. Exactement comme vient de le faire un certain Christopher Nolan.

Batman le défi, c’est kitsch, c’est le bazar mais ce n’est en aucun cas ridicule. En pleine période du chevalier noir, nous vous conseillons grandement ce petit chef d’œuvre aux antipodes de la saga qui vient d’être bouclée.

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