Critique : Chronicle – De toute façon, ça ne peut pas être pire qu’Heroes

Affiche de Chronicle de Josh Trank sur laquelle nous découvrons les trois jeunes super-héros au dessus du vide. Une voiture est plantée sur le haut d'un building.

On n’attendait rien, mais alors vraiment rien de ce Chronicle, dans lequel des jeunes découvrent qu’ils ont des pouvoirs. Super pitch. Génial. Ils vont refaire Misfits à l’américaine. En plus, c’est le 174ème found footage sorti depuis cinq ans. C’est quoi le found footage ? C’est un concept principalement utilisé pour les films d’horreur ou fantastiques qui consiste à dévoiler l’action à travers des vidéos amateur, tournées par des témoins de l’histoire. Popularisé par Cannibal Holocaust ou Le projet Blair Witch, il a été remis à jour en 2007 avec l’excellent REC des espagnols Plaza et Balaguero et Cloverfield de Matt Reeves. Depuis, on a eu droit à une bardée d’adaptations parfois sympathiques (The Troll Hunter), racoleuses (Paranormal Activity), ou très connes (Apollo 18).

Le problème du found footage est que beaucoup de réalisateurs tentent de faire leurs preuves avec le concept, mais au lieu de transcender le genre et d’apporter des idées de mise en scène brillantes qui fusionnent avec l’histoire et la font avancer, ils utilisent le principe pour faire un maximum d’ellipses scénaristiques, ou pour ne pas se prendre la tête avec les effets spéciaux, filmant des scènes d’action la caméra vers le sol, prétextant que le mec qui court ne pense plus qu’à sauver sa peau. Le résultat s’avère donc souvent décevant tant l’ennui peut vite s’installer, ainsi que la nausée à cause de séquences tendues illisibles.

Affiche de Chronicle sur laquelle Dan DeHaan fait un fuck et contrôle un nuage de la même forme.

Dans Chronicle, la première grosse surprise vient de la volonté du metteur en scène Josh Trank, qui signe ici son première long métrage à vouloir innover et créer quelque chose d’impressionnant. Il a l’intelligence de mettre sa réalisation au profit de son histoire, dans laquelle 3 lycéens se retrouvent dotés du don de télékinésie. Evidemment, les choses finiront par dégénérer lorsque leurs capacités augmenteront. Vous le verrez par vous même, certaines séquences sont époustouflantes et nous surprennent beaucoup plus que les trois quarts des sorties en 3D vendues comme étant spectaculaires. La quasi-totalité des scènes sont lisibles notamment grâce au fait qu’on ne voit pas le film à travers une seule caméra, comme c’est par exemple le cas dans Cloverfield (c’était d’ailleurs son gros défaut), mais via une multitude et là aussi Trank fait preuve d’idées que l’on ne peut que saluer.

Racoleur dans sa mise en scène, Chronicle ne l’est donc pas et s’avère même plutôt généreux. Les faiblesses viennent en revanche du scénario. Tout va trop vite, aucune explication n’est donnée. Certes, nous sommes derrière le point de vue d’adolescents, et leur évolution est bien représentée, l’idée de leur confier le même don est également intéressante, mais l’on aurait juste aimé quelques minutes de plus pour approfondir certains éléments, certains personnages, ou encore la fin, hommage à Akira, qui nous laisse l’impression que tout cela s’est terminé un peu précipitamment. La découverte des pouvoirs est captivante mais peut-être Trank aurait-il mieux fait de se concentrer légèrement plus sur son dénouement. De même, la subversion n’est pas vraiment présente dans l’œuvre, comme le laissait présager l’affiche montrant un gros nuage « Fuck », et en cela notre cœur balancera toujours pour Misfits, série anglaise dans laquelle les pouvoirs donnent lieu à des situations barrées.

Chronicle n’est pas exempt de défauts mais ce film de super-héros est original, voit certains retournements de situations peu communs et nous laisse une agréable sensation. C’est un found-footage honorable, modeste mais époustouflant. Un petit film très sympathique à découvrir en salles pour véritablement l’apprécier.

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