Critique : Comme un chien enragé – La gloire de mon père

Affiche de Comme un chien enragé sur laquelle Sean Penn et Christopher Walken ont leur profil côte à côte.

Avant de cabotiner en jouant les gangsters et d’incarner des figures phares de l’histoire américaine, Sean Penn a démarré sa carrière en jouant les jeunes nerveux borderline. On l’aura aimé en flic infiltré dans l’efficace Les anges de la nuit, en avocat véreux face à l’impérial Pacino dans L’impasse, en recrue naïve dans Colors ou encore en soldat fêlé dans Outrages. Toutes ces prestations sont à ranger parmi ses meilleures, aux côtés de ses fulgurances dans Mystic River ou Harvey Milk. Mais si l’on devait retenir un long métrage de ses débuts, qui s’avère être une confrontation magistrale entre deux cadors, c’est sans aucun doute Comme un chien enragé, polar nerveux dans lequel Penn fait des merveilles.

Il y incarne Brad Whitewood, un jeune redneck qui trompe l’ennui en faisant les 400 coups avec sa bande dans leur petite ville. Lorsqu’un après-midi, son père Brad Sr débarque pour donner de l’argent à sa mère, l’adolescent est fasciné. Très vite, les deux hommes qui ne se connaissent pas vont se rapprocher et Brad va vouloir rejoindre le gang réputé de son père, constitué de voleurs méthodiques et de psychopathes.

James Foley n’aura peut être pas survécu aux années 80 et 90 mais s’il y a un film qui est parfaitement ancré dans son époque, c’est bien Comme un chien enragé. S’il paraît aujourd’hui old school à cause de sa musique et ses transitions hasardeuses, il dégage néanmoins l’ambiance des thrillers de cette époque, au même titre que les œuvres de De Palma même s’il n’atteint évidemment pas leur niveau en terme de réalisation.

Si sa mise en scène est très convenue, c’est le scénario du film qui nous scotche au fauteuil et l’on assiste impuissants à la descente en enfer d’un enfant sans repère qui va se prendre à jouer les durs pour imiter son modèle. On pense d’abord que c’est Sean Penn qui va surpasser son père et devenir un homme sans pitié. Mais petit à petit, nous découvrons le personnage de Walken et l’on se rend compte que le long métrage prend un autre virage. Le plus inquiétant, c’est lui et il réussit à voler la vedette au jeune premier malgré sa présence plus limitée.

Photo en noir et blanc sur un parking de Christopher Walken et Sean Penn dans le film Comme un chien enragé.

S’il arbore la coupe et la moustache d’un fan de Johnny, Walken est tout de même très crédible et nous rappelle que pour jouer les tarés imprévisibles, c’est lui le meilleur. On l’a encore constaté cette année grâce au jouissif Sept psychopathes. Dans sa dernière partie, Comme un chien enragé prend une tournure dramatique complètement inattendue et l’on reste à certains moments sidérés par les actes de barbarie du paternel. C’est d’ailleurs dans ce dernier tiers que la réalisation gagne en intensité et Foley n’en fait jamais trop et préfère la suggestion à la violence gratuite avant de ponctuer son film par une séquence magistrale dans laquelle Penn est bouleversant de justesse. Même si au fil des années le comédien en fait de plus en plus, il faut reconnaître qu’il sait jouer des pétages de plomb sans jamais tomber dans le ridicule. On passera bien sûr sur le décevant Gangster Squad.

Comme un chien enragé est une œuvre qui a pris un sacré coup de vieux mais qui se laisse regarder avec toujours autant de plaisir. Si vous voulez découvrir un face à face nerveux entre deux des plus gros fous du cinéma américain, vous allez vous régaler.

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2 réponses à Critique : Comme un chien enragé – La gloire de mon père

  1. Ben dites donc, c’est bien de soutenir ce cher James Foley et son chien enragé ! surtout qu’il s’agit d’un excellent film dopé par un putain de casting (RIP Chris Penn, d’ailleurs, qui était alors tout maigrichon) !

    Par contre, je m’insurge, Monsieur, je m’insurge !
    James Foley a tout de même tourné Le corrupteur, excellent film d’action qui commence mal (comme un nanar action influencé par HK) et qui se poursuit de façon brillante et brutale (la scène de poursuite, putaaaaain, la scène de poursuite et ses victimes innocentes!!!!) !
    et également le très très bon et super bien joué par un casting 4 étoiles (Burns, Weitz, Garcia, Hoffman…) Confidence !!!!
    et pis récemment il a tourné trois épisodes de la série de Netflix « House of cards » !

    donc non ce n’est pas rien !
    Foley n’est pas mort, j’vous l’dis !!!

    (sinon, oui, Les anges de la nuit, ça tue. Ce film est immense)

  2. Salut,

    Je cherchais qqs critiques sur ce film, et je suis tombée sur la tienne.
    Je n’ai pas encore vu COMME UN CHIEN ENRAGÉ mais tu m’as convaincue de vraiment m’y intéresser !
    Outre son casting (et le titre de Madonna dans la BO que j’aime bien, j’avoue), le pitch & cette atmosphère des années 80 (qui ne me déplaît absolument pas) ont fini aussi de me convaincre.

    En fait, en voulant écrire sur mon propre Blog sur CINQUANTE NUANCES PLUS SOMBRES (sic), je me suis rendue compte que c’était James Foley qui avait été engagé à la réal du 2e volet des mésaventures érotiques de Christian Grey … Et là je me suis dit : mais qu’est-il venu faire dans cette galère ?! (si ce n’est, on s’en doute, l’appât du gain … il faut bien bouffer après tout).
    Par contre, j’ai vraiment, mais alors vraiment du mal à comprendre à quel moment il y a pu avoir un gars chez Universal qui ait balancé en réunion le nom de « James Foley » pour réaliser CINQUANTE NUANCES PLUS SOMBRES ……… Qu’est-ce qui leur a pris chez Universal ??! … Il n’y avait vraiment aucun réal qui avait envie de salir son CV, à part James Foley ? lol
    Ou alors ce même gars chez Universal est fan de WHO’S THAT GIRL, allons savoir …… ;-)))

    Merci encore pour ton article sur COMME UN CHIEN ENRAGÉ en tout cas.

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