Deux ans après 21 Jump Street, Jenko et Schmidt sont de retour. La rue n’a pas changé, seulement le numéro. Nous ne sommes plus dans une église coréenne mais vietnamienne. Après le lycée, nous entrons à la fac. Globalement, la seule chose qui n’a pas bougé, c’est la connerie des deux héros.
Après une introduction hilarante dans laquelle Jonah Hill se prend pour B-Real et une première course-poursuite qui prouve que l’équipe n’a rien perdu de sa folie, nous suivons l’intégration des deux flics à l’université. Une fois encore, une nouvelle drogue fait des ravages. Jenko et Schmidt doivent enquêter sur la mort d’une étudiante en s’infiltrant dans un monde auquel ils n’ont jamais été confrontés.
Le scénario de 22 Jump Street est quasiment identique à celui du premier. Comme le dit Jenko, cette suite, c’est exactement la même chose, mais avec plus de moyens. Le script fait la part belle à ses personnages, deux éternels adolescents qui se cherchent perpétuellement. Cette année, c’est Jenko qui voit à travers la fac le moyen d’être aimé tandis que Schmidt se retrouve seul et va devoir apprendre à enquêter de son côté. La bromance est poussée à l’extrême et donne lieu à des scènes très réussies. Le contraste entre Jenko et Schmidt est renforcé par l’univers visuel de Chris Miller et Phil Lord, qui s’amusent avec des split-screen et des ruptures de rythme bien plus abouties que dans le premier. On pense notamment à la séquence d’infiltration d’une confrérie dans laquelle les réalisateurs illustrent les différences entre les héros à travers un montage rapide qui joue parfaitement sur le comique de répétition.
Le long métrage est loin d’être un teen-movie anodin qui ne s’adresse qu’aux jeunes amateurs de biture. 22 Jump Street touchera nettement plus les fans de la première heure de Michael Bay et les personnes ayant grandi dans les 90’s. Lorsque Jenko et Schmidt débarquent à Puerto Mexico pour le Spring Break et comprennent qu’ils sont trop vieux pour ce genre de conneries, le film nous ramène à Bad Boys 2. Miller et Lord nous offrent un hommage à un cinéma bourrin qu’ils adorent mais dont ils connaissent parfaitement les limites. C’est grâce à cela qu’ils parviennent à mettre en scène une œuvre désorganisée remplie de situations improbables mais toujours cohérente.
Le plus important est de conserver l’esprit féroce et décomplexé du précédent opus et d’en repousser les limites. Channing Tatum joue de son image de mâle alpha comme jamais auparavant et passe la moitié du film à pousser de la fonte et ouvrir des bières. Aucun doute, la beauferie lui réussit. Jonah Hill nous ressort quant à lui la carte du lover timide et sensible. On pensait que l’histoire d’amour avec une autre étudiante allait être similaire à celle du premier, jusqu’à ce qu’une excellente surprise vienne prendre à contre-pied tous les clichés envoyés auparavant. On est également ravis de voir le personnage d’Ice Cube prendre de l’ampleur. On connaissait les talents de comédien de l’ancien membre des NWA (Boyz’n the Hood) mais rarement l’acteur avait dévoilé cette autodérision, préférant cachetonner dans des œuvres familiales nauséabondes.
Au final, la débilité est à son comble et l’on ne pouvait espérer meilleure suite. 22 Jump Street est à l’image de son générique de fin, bordélique, bourré de références pop et visuellement impeccable malgré quelques scènes saccadées. Le duo formé par Jonah Hill et Channing Tatum est définitivement en passe de devenir culte. 23 Jump Street est d’ailleurs déjà sur les rails. Connaissant l’équipe, même si le style reste le même, on sait qu’on ne se lassera pas de leurs exploits.