S’il y a bien un blockbuster sur lequel il était nécessaire d’avoir des doutes cette année, c’est celui-ci. 47 Ronin a connu une phase de construction désastreuse et le réalisateur Carl Erik Rinsch a dû se battre contre les producteurs qui ont eu le dernier mot sur la version cinéma.
Pourtant, si 47 Ronin n’est en rien une oeuvre majeure, elle serait plutôt à rapprocher de Babylon A.D. et du 13ème guerrier, dans le sens où le talent de réalisateur de Rinsch est indéniable. Tout comme Matthieu Kassovitz et John McTiernan, le cinéaste a un véritable sens de la mise en scène, visible malgré sa perte de contrôle du projet face à Universal.
Dans la première partie, Rinsch prend le temps de développer tous ses personnages. Il pose tous ses enjeux dramatiques et crée des liens intéressants entre tous les protagonistes. Par moments, 47 Ronin rappelle des pointures comme Akira Kurosawa ou Takashi Miike. Evidemment, le niveau est loin d’être le même mais il est dur de ne pas être séduit par le travail de Rinsch que l’on sent passionné par le genre. Il rend ouvertement hommage à ses influences et cette lente exposition captive le spectateur, ce qui ne sera malheureusement pas le cas de la seconde moitié du film.
Lorsque Kaï, interprété par Keanu Reeves, s’engage dans la bataille finale aux côtés de ses 46 acolytes, on reste sur notre faim tant le dénouement est rapide, bâclé et assez laid. Heureusement, on se consolera avec la conclusion moins prévisible que ce que l’on aurait pensé. Les studios n’ont pas opté pour l’habituel happy end américain qui aurait ruiné tout le propos.
Au niveau des scènes d’action, on reviendra sur la qualité des effets spéciaux et sur certaines créatures parfois odieuses. Malgré tout, 47 Ronin n’est pas l’immonde nanar auquel on s’attendait. Si elle n’est d’aucune utilité, cette série B décomplexée remplit son contrat et a le mérite de nous présenter deux protagonistes principaux ultra charismatiques.
En effet, le duo formé par Keanu Reeves et Hiroyuki Sanada, superstar japonaise que l’on a croisé dans le ridicule Wolverine, est à nos yeux le plus grand intérêt de l’œuvre. Sanada donne au samouraï Ôishi une véritable épaisseur. Totalement opposé à Kaï, bâtard adopté aux étranges pouvoirs, c’est son humilité et son honneur qui permettront à ce dernier d’accomplir son destin. Si le premier degré totalement assumé de 47 Ronin peut parfois lui nuire et provoquer des moqueries, il permet cependant au duo de s’imposer comme deux héros qui n’ont rien à envier aux figures emblématiques du genre. Malheureusement, les autres personnages caricaturaux ne sont pas à la hauteur de Reeves et Sanada. On pense notamment à la grande méchante interprétée par une Rinko Kinkuchi (Pacific Rim) insipide.
47 Ronin, ce n’est ni Le Garde du corps ni Zatoichi mais ça reste bien au dessus des Need for Speed et autres Brick Mansions au cinéma en ce moment. On attend évidemment une version Director’s Cut lors de la sortie en Blu Ray afin de découvrir le film de Rinsch et non celui d’un studio qui n’hésite pas à bousiller l’essence d’une œuvre pour satisfaire les attentes du public américain.