Critique : A Beautiful Day – Les salauds dorment en paix

Affiche d'A Beautiful Day de Lynne Ramsay, sur laquelle un homme en costume est à genoux face au personnage interprété par Joaquin Phoenix.

Lorsque la fille d’un homme politique disparaît, ce dernier engage Joe, un homme de main, pour la retrouver. Joe tombe rapidement dans une spirale de violence inouïe et découvre que l’enlèvement de l’adolescente n’est pas dû au hasard.

Récompensé par le Prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes, Joaquin Phoenix brille dans la quasi-totalité des plans de l’excellent A Beautiful Day. Si la campagne marketing laissait présager une œuvre située quelque part entre Old Boy, Hardcore et Taxi Driver, le long-métrage trouve très rapidement sa propre voie grâce à son magnifique personnage.

En lutte permanente avec lui-même, Joe est un individu solitaire sur la corde raide qui enchaîne les contrats. Sa seule relation stable est celle qu’il entretient avec sa mère, présentée à travers une séquence où toute l’inquiétude qu’il suscite chez le spectateur s’efface. Alors qu’on le découvrait dans une sombre ruelle dans l’introduction où il répond sèchement à une attaque, Joe se transforme ensuite en héros prévenant et complice dès qu’il rentre chez lui.

Photo de Joaquin Phoenix dans le film A Beautiful Day de Lynne Ramsay sur laquelle Joaquin Phoenix tente de reprendre sa respiration à l'aide d'un sac plastique, dans un placard.

Contrairement au Travis Bickle de Taxi Driver, jamais Joe n’est perçu comme étant pathétique par le spectateur. Au lieu de sombrer dans la folie, le héros suit une trajectoire inverse, et ce malgré l’horreur dans laquelle il est plongé. Aidée par la prestation habitée de Joaquin Phoenix, Lynne Ramsay parvient à donner une consistance à son personnage grâce à des flashbacks extrêmement courts, qui renforcent le mystère autour de lui.

Elle dévoile ensuite sa profonde bienveillance, notamment lorsqu’il rencontre pour la première fois l’adolescente incarnée par Ekaterina Samsonov, sans pour autant justifier ses actes. Alors que les scandales sexuels se multiplient dans l’industrie hollywoodienne et le paysage politique, la réalisatrice révèle progressivement les rouages d’une machination pertinente et actuelle.

Photo de Joaquin Phoenix tirée du film A Beautiful Day de Lynne Ramsay, sur laquelle l'acteur regarde vers le sol avec un regard extrêmement sombre.

Malgré son passé, Joe semble aussi étonné que le spectateur du complot qu’il découvre et qui détruit sa vie en quelques scènes. Le spectateur le voyait comme un redoutable chasseur dans la première partie. Il devient dans le deuxième acte une proie pour laquelle tout semble perdu. A Beautiful Day se transforme alors en histoire de vengeance radicale dans laquelle rien ne se passe comme prévu.

Lynne Ramsay ne cesse d’inverser les rôles entre les protagonistes avec brio. A Beautiful Day n’est pas qu’une banale histoire de rédemption puisque le personnage ne souhaite pas se racheter mais simplement trouver la paix. Le long-métrage n’est pas non plus un vigilante à la violence exacerbée. Cette dernière est en permanence perceptible mais rarement frontale. De plus, Joe en fait largement les frais dans la deuxième partie, contrairement à la première où il était vu comme un tueur massif et imparable. Protagoniste aussi effrayant que fascinant, le héros permet à A Beautiful Day de s’imposer comme l’un des chocs de cette fin d’année, grâce à son traitement en or et son acteur en état de grâce.

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