Critique : A voix haute – Seine-Saint-Denis Style

Affiche d'A voix haute de Stéphane de Freitas et Ldj Ly sur laquelle un étudiant parle devant une assemblée. On ne distingue que sa bouche et sa main en mouvement.

Depuis 2013, le concours Eloquentia organisé à l’université de Saint-Denis élit les meilleurs orateurs du 93. A voix haute suit le parcours de plusieurs participants durant l’édition 2014-2015. Entre exercices d’écriture et d’expression orchestrés par des professionnels, le groupe va étudier la façon de construire son argumentaire avant de le communiquer devant une assemblée.

Réalisé par le créateur du concours Stéphane de Freitas et Ladj Ly, membre de Kourtrajmé à qui l’on doit le court métrage Les Misérables, A voix haute retranscrit aussi bien l’essence d’Eloquentia que l’investissement que les participants du groupe y apportent.

En filmant la formation d’étudiants issus de parcours divers qui souhaitent relever le défi, les réalisateurs dévoilent au spectateur la naissance d’un groupe qui se soude à mesure que les exercices s’enchaînent. Les différentes disciplines enseignées, qui vont du slam à la plaidoirie, permettent de réévaluer le débat comme un outil de progression indispensable. Elles offrent également aux participants la possibilité de révéler leur singularité, ce qui donne lieu à des scènes de confrontation ou de monologues drôles, touchantes et surtout extrêmement spontanées.

Photo d'une session de formation où les étudiants communiquent et rient pour préparer le concours Eloquentia, présenté dans le documentaire A voix haute.

Parsemé d’interludes où l’on découvre le quotidien de certains étudiants, A voix haute ne paraît jamais didactique. L’empathie envers les personnalités que l’on voit évoluer est totale. Plus Eddy, Leïla, Souleïla et Ehladj paraissent à l’aise et déterminés à l’approche du concours, plus le spectateur comprend leurs raisons et leurs envies de relever le défi que représente Eloquentia. Grâce à cette construction narrative qui distille au bon moment des scènes de vie où les participants racontent leur histoire, le public ressent davantage leur implication et l’importance qu’ils mettent dans la formation.

Le film s’ouvre et se termine sur un souffle lancé avant de prendre la parole qui résume à la fois la difficulté de s’exprimer et l’audace dont font preuve les participants. Lorsque les épreuves débutent, le spectateur a l’impression de connaître les étudiants et l’attention devant leurs plaidoiries est totale. En cela, A voix haute atteint parfaitement son objectif et l’on est complètement captivés par les mots de ces orateurs talentueux.

Photo des participants du concours Eloquentia présentés dans le documentaire A voix haute. On les voit saluer et remercier leur auditoire.

Alors que les jurys formés notamment de Leïla Bekhti, Edouard Baer et Kery James découvrent pour la première fois les étudiants, les choix pour leur plaidoirie prennent tout leur sens pour le public. On est ravi de voir certains se tourner vers un exercice volontairement théâtral tandis que d’autres optent pour une approche plus poétique. Leurs discours procurent plus d’énergie et de sourires que les comédies en salles en ce moment. La créativité qui émane des jeunes et des réalisateurs d’A voix haute nous rappelle sans prétention et avec beaucoup d’émotion les bienfaits de la parole.

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