Alors qu’il vient de vivre un terrible incident, l’équipage du Covenant reçoit un message en provenance d’une planète inconnue et censée être inhabitée. En débarquant sur la terre promise, les voyageurs se rendent rapidement compte que l’environnement abrite quelque chose de terrifiant qui ne va pas tarder à se manifester…
A la fin de Prometheus, Elizabeth Shaw et l’androïde David alors en très mauvais état partaient explorer la galaxie et notamment la planète des Ingénieurs. Le film laissait de nombreuses questions en suspens. Dès la première séquence d’Alien : Covenant autour de laquelle s’articule tout le propos du long métrage, Ridley Scott revient sur ces interrogations et notamment sur la nature et les ambitions de David.
Dans cette introduction, l’androïde prend conscience de son énorme potentiel mais également de la fragilité de son « père » interprété par Guy Pearce. L’obsession créatrice de David qui ne fait que grandir depuis qu’il nous a été présenté dans Prometheus, Ridley Scott semble en être atteint.
Cela se ressent par le contrôle que le cinéaste a repris sur la saga avec cet épisode où l’on continue d’approfondir les thématiques philosophiques lancées de façon hasardeuse par le prequel tout en faisant une véritable jonction avec les premiers opus, même s’il faut pour cela sacrifier et repenser la mythologie du xénomorphe créé par Dan O’Bannon et Ron Shusett.
Dès le départ, Ridley Scott parvient à nous intriguer au sujet de l’évolution de David, personnage très intéressant qui perd au fil du film toute ambiguïté. Tel Ozymandias dans le poème de P.B. Shelley cité dans le long métrage, l’androïde s’impose peu à peu comme un maître du chaos prêt à tout pour que sa puissance créatrice perdure.
Le spectateur fait ensuite la rencontre de l’équipage du Covenant qui vient de vivre une catastrophe dramatique. Malgré la lenteur de la première partie, le réalisateur ne réussit pas à nous attacher aux nombreux personnages manquant profondément de caractère et d’écriture. Il faut attendre le dernier acte pour voir Katherine Waterston reprendre avec charisme le contrôle d’une équipe dans laquelle seul Danny McBride se distingue aux côtés de l’héroïne par des choix portés par de véritables émotions et généralement nettement plus malins que ceux de leurs collègues, compagnons et amis.
Lorsqu’ils débarquent sur la planète Origae, les colons pensent découvrir un paradis perdu qu’il sera facile de s’approprier afin de s’y implanter et d’en tirer les ressources. Là encore, la symbolique est puissante mais abordée dans des échanges vains sur la foi. Pensant être en terrain conquis, les personnages enchaînent les décisions stupides, ce qui provoque l’anéantissement d’une bonne partie de l’équipage.
Sur Origae, Ridley Scott fait le lien avec Prometheus à grand renfort de flashbacks. Le cinéaste sacrifie un protagoniste prometteur et prend le temps de rationnaliser la naissance du prédateur ultime qui ne paraît ni répugnant, ni particulièrement effrayant. Le potentiel qu’a la créature pour nous terroriser dans ses courtes apparitions est profondément affaibli par les effets spéciaux indignes du travail de H.R. Giger.
Certaines scènes impressionnent, à l’image de l’arrivée de David sur Origae mais aussi le combat dans le vide entre l’héroïne et le xénomorphe. Elles sont malheureusement noyées dans un ensemble que l’on suit sans ennui mais où la passion suscitée par les autres épisodes a pratiquement disparu. Le thème de Jerry Goldsmith qui s’alliait à merveille au vide et à l’immensité de l’espace résonne ici comme un hommage dénaturé joué par David, un génie maléfique qui n’arrive pas à créer le moindre effet de surprise dans la deuxième partie du film, au même titre que la créature.
Ridley Scott voulait reprendre la franchise en main et c’est désormais chose faite. Le résultat porte les thèmes de son auteur mais est dénué de toute singularité, à l’inverse des concept arts que Neil Blomkamp (Chappie) avait réalisés pour Alien 5, projet avorté par la Fox en raison des futures suites prévues par Scott.