Critique : Au plus près du soleil – Les joies de la famille

Affiche du film Au plus près du soleil de Yves Angelo. L'actrice Mathilde Bisson semble regarder un jeune homme avec un air triste.

Pour son nouveau film, Yves Angelo s’est concentré sur le milieu judiciaire d’une façon peu banale. Au plus près du soleil nous immisce dans la vie d’une famille bien rangée pour qui tout va pour le mieux. Habitués à s’occuper d’affaires familiales tragiques, le quotidien de Sophie et Olivier bascule peu à peu lorsque l’une des affaires de Sophie remue le passé du couple.

Un matin, Sophie entend Juliette, accusée d’abus de faiblesse sur un homme marié venant de se suicider. Rapidement, Sophie découvre que Juliette est la mère biologique de son fils adoptif. Au lieu de se séparer du dossier pour des raisons déontologiques, Sophie va acculer la jeune femme qui sera en parallèle soutenue financièrement par Olivier, qui l’a contactée secrètement.

On trouve dans Au plus près du soleil des idées de mise en scène qui s’accordent parfaitement avec le ton du scénario. A travers les gros plans constants et l’absence de musique, le réalisateur du Colonel Chabert évite les émotions faciles. Sans pathos, il filme la chute d’un couple embourgeoisé qui, malgré l’illusion de leur vie tranquille, se retrouve de l’autre côté de la barrière.

Drame judiciaire et familial, Au plus près du soleil parle du poids que peuvent prendre les mensonges. Yves Angelo rend son long métrage oppressant en ne mettant aucune distance entre les personnages et le spectateur. Lorsque l’on suit Sylvie Testud ou Grégory Gadebois, nous adoptons leur point de vue et à chaque prise de décision foireuse, le malaise s’accentue. Chacun commet des erreurs pour préserver l’autre et l’on voit la fin tragique arriver sans pour autant mépriser leur comportement.

Photo de Grégory Gadebois et Mathilde Bisson dans le film Au plus près du soleil. Les deux acteurs échangent un regard.

Tourné à Toulon, le long métrage regorge de lumière et le cadre idyllique dans lequel évolue le couple contraste avec leur parcours qui ne fait qu’empirer. L’importance qu’Yves Angelo, directeur de la photographie d’Alain Corneau ou encore Claude Sautet, accorde à la lumière renforce elle aussi ce décalage. A l’inverse des couleurs ternes qui correspondaient aux sinistres personnages des Âmes grises, les éclairages chauds d’Au plus près du soleil détonnent de la pression vécue par les protagonistes.

Dans la dernière partie, Angelo finit d’enfoncer ses personnages en les faisant embarquer à bord d’une croisière, lieu de vacances pourtant méprisé par le couple. En voulant sauver leur vie de famille, Sophie et Olivier s’enferment dans un environnement cloisonné qu’ils détestent et qui deviendra logiquement le lieu des révélations. Une nouvelle fois, le choix du cadre est justifié mais l’on regrettera simplement la conclusion hâtive qui finit d’embarrasser les personnages et le spectateur avec eux. Angelo reste néanmoins fidèle à ses gros plans et l’impression d’étouffement est totale.

Les prestations de Grégory Gadebois et Sylvie Testud sont impeccables mais Mathilde Bisson signe l’interprétation la plus nuancée et la plus surprenante du film. A chaque apparition, elle oscille si bien entre fausse naïveté et manipulation qu’on ressent le désarroi vécu par ses partenaires. Dans la peau d’une femme à la fois victime et responsable de ses malheurs, Bisson s’impose comme l’atout majeur d’Au plus près du soleil, un drame quelque peu formel mais où chaque choix de mise en scène sonne juste.

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