Baby est un conducteur hors pair, surtout lorsqu’il a ses écouteurs au volant. Il est régulièrement convié à participer à des braquages organisés par un redoutable criminel. Malgré ses talents, Baby songe à raccrocher. Lorsqu’il rencontre Deborah, les doutes de Baby s’effacent. Il comprend qu’il est temps de prendre la route pour quitter son ancienne vie. Hélas, Baby se retrouve avec des braqueurs sans pitié aux trousses et va devoir redoubler de vitesse pour leur échapper.
Baby Driver est probablement l’un des longs métrages les plus fluides et généreux que l’on ait pu voir au cinéma cette année. Après avoir conclu sa trilogie Cornetto de la plus belle manière avec Le Dernier pub avant la fin du monde, Edgar Wright vient de signer un film de braquage original, doté d’un rythme particulièrement entraînant et emprunt d’une saveur des 70’s qui rend le résultat encore plus plaisant.
Si les morceaux s’enchaînent, ce n’est absolument pas dans une optique d’habillage. Chaque titre participe à la narration et en dit long sur les personnages et en particulier sur le héros interprété par Ansel Elgort. La musique, le montage constamment percutant et la composition parfaite des plans imposent d’emblée Baby comme un protagoniste iconique.
Comme dans chacune des œuvres d’Edgar Wright, l’attention portée aux détails impressionne. Si Baby Driver transpire autant le cool, c’est parce que le long métrage ne comporte aucune fausse note et mériterait même que l’on se repenche dessus pour en saisir toutes les nuances. L’imaginaire du réalisateur semble sans limite. Cela ne l’empêche pas de proposer un récit cohérent et bourré de surprises.
Edgar Wright dresse des personnages hauts en couleurs sans que la caricature ne paraisse à aucun moment grossière. Leurs répliques résonnent comme des lyrics qui leur confèrent de l’épaisseur en très peu de mots.
Le « morceau qui tue » dont Baby a besoin pour exceller, Edgar Wright semble l’avoir trouvé pour chaque scène du film. C’est notamment le cas dans la deuxième partie beaucoup plus noire où l’heure n’est plus à la rigolade pour Baby. Le héros fait en effet face à de redoutables antagonistes dont la nature se dévoile petit à petit.
Le choix des lieux permet au même titre que la musique de faire de Baby Driver un objet qui transcende le genre. Le réalisateur plante son cadre dans la ville d’Atlanta, ville où l’influence musicale est énorme. Les apparitions furtives de Big Boi et Killer Mike aux côtés de Kevin Spacey ne sont d’ailleurs pas anodines.
Qu’il filme dans un entrepôt, un diner ou sur les routes, Edgar Wright utilise les lieux pour s’approprier des codes récurrents du genre amenés ici avec une véritable singularité. Les couleurs vives et les éclairages du restaurant où travaille Deborah mettent en avant l’aspect romantique du récit, tout comme une séquence au lavomatic où les deux protagonistes principaux n’ont d’autre occupation que de faire connaissance en se faisant écouter des morceaux finement choisis.
Baby Driver ne contient pas que certaines des courses-poursuites les plus réussies de ces dernières années. Comme dans ses précédents films, Edgar Wright jongle avec les registres avec une habileté rare pour nous présenter le parcours d’un personnage extrêmement attachant. L’évolution de Baby reste le motif principal du long métrage qui évite tous les écueils de nombreux blockbusters manquant d’équilibre et privilégiant la forme indigeste au fond. Edgar Wright semble bel et bien avoir la recette parfaite pour nous livrer de purs plaisirs réfléchis et jouissifs.