Big Bad Wolves revient sur un concept utilisé à de nombreuses reprises dans le septième art. Si l’exemple de Prisoners nous vient en premier à l’esprit, le long métrage rappelle également J’ai rencontré le diable, The Chaser ou encore certains classiques de l’horreur à l’image de I spit on your grave. Dans Big Bad Wolves comme dans tous les films cités, c’est le coupable qui devient victime une fois qu’il est dans les mains d’individus en quête de vengeance ou de vérité.
L’accusé est ici un supposé meurtrier pédophile, qui suscite la rancune d’un policier imbécile et du père de l’une des jeunes filles retrouvées mortes. La particularité de l’œuvre est son humour noir, qui semble avoir beaucoup plu à Quentin Tarantino, le roi du top 10 annuel approximatif. Si l’on n’est pas toujours en accord avec les gouts du réalisateur, il faut bien admettre que l’on s’est laissé convaincre par ce thriller qui oscille entre sarcasme et violence exacerbée pour dénoncer les mœurs d’une société où la morale est périmée.
Dans le fond, Big Bad Wolves ne propose rien de nouveau et ne restera pas gravé dans nos mémoires. Mais sur la forme, il faut reconnaître que les cinéastes ont le sens du dialogue et le don pour nous confiner dans un scénario oppressant. La force de Big Bad Wolves est de révéler les motivations impardonnables des personnages jusque dans les dernières minutes, lors d’une conclusion facile mais qui accentue la volonté d’exclure toute notion de justice ou de principes. Pour servir ses intérêts, chacun des protagonistes n’hésite pas à faire subir les pires châtiments à son ennemi. Cela donne lieu à des séquences de torture extrêmement dures, où même les personnages censés véhiculés une forme de sagesse s’abandonnent à des pratiques peu communes.
Navot Papushado et Aharon Keshales s’étaient déjà faits remarqués en 2010 avec le slasher Rabies. Ils reviennent ici avec un film moins sanglant mais plus féroce et usent de l’horreur pour dénoncer la peur constante d’un pays à l’histoire douloureuse. La violence engendre la violence. Tel est le message de Big Bad Wolves qui, s’il est parfois déclamé avec des effets maladroits, ne peut que toucher le spectateur.
Big Bad Wolves aurait pu être un long métrage extrêmement désagréable si les réalisateurs n’avaient pas intégré des ruptures de rythme dont l’absurdité rappelle fortement le cinéma des frères Coen et plus particulièrement Fargo. On pensait que le flic sortirait de sa bêtise pour chercher des preuves mais ce n’est jamais le cas. Il ne faut pas non plus espérer voir le père de la victime éprouver des remords vis-à-vis de ses actes. Quant au potentiel coupable, impossible de pénétrer dans sa pensée et de connaître sa véritable nature. Leur dessein respectif provoque des scènes hallucinantes, où le refus de toute empathie s’avère déstabilisant pour le public.
Même si l’on est déçu par une fin prévisible et le manque de singularité de l’ensemble, on est séduit par la forme et le talent que les deux réalisateurs ont pour enfermer leurs protagonistes dans un déchaînement incongru. Big Bad Wolves est un film méchant qui lorgne parfois du côté de la provocation facile mais dont l’efficacité est indéniable. A rattraper en DVD dès maintenant.