Après une mémorable apparition dans le terrible X-Men Origins : Wolverine, le petit ami de la mort fait son grand retour au cinéma. Vanté par une campagne ingénieuse remplie de promesses sur le caractère salace, violent et subversif du film, Deadpool cartonne et la franchise sur le super-héros le plus irresponsable de l’univers Marvel semble lancée pour de bon.
Ryan Reynolds et Tim Miller ont travaillé sur ce projet pendant 10 ans et leur attachement au personnage se ressent immédiatement. Lors du sympathique générique, les compères annoncent qu’il n’y aura cette fois-ci pas de massacre orchestré par les producteurs, des « culs » selon leurs dires. L’humour est présent, le sang aussi et l’autodérision de Ryan Reynolds prouve que la carrière du comédien a pris un nouveau tournant joliment amorcé avec les excellents Captives et The Voices.
Rempli de flashbacks, le long métrage nous révèle l’identité du tueur bavard, l’apparition de ses pouvoirs et son apparence hideuse, éléments totalement ratés voire inexistants dans le Wolverine de Gavin Hood, dans lequel la Fox massacrait sa nouvelle poule aux œufs d’or. La volonté première de Miller et Reynolds était de ressusciter Deadpool, bad boy fragile qui se confie en brisant le quatrième mur et qui finira, comme ses acolytes, dans un laboratoire tenu par des méchants qui accoucheront d’un monstre encore plus redoutable qu’eux.
Le traitement de Deadpool est réussi et le héros se révèle bien plus original et attachant que beaucoup de personnages iconiques gravitant dans l’univers Marvel. Hélas, si l’on nous avait annoncé que les protagonistes secondaires ne seraient pas des faire-valoir, on regrette de les voir disparaître tour à tour et ne pas réussir à s’imposer face au mercenaire omniprésent et un tantinet égocentrique. Si Copycat, la copine de Deadpool incarnée par Morena Baccarin, a l’humour et la répartie de son infatigable amoureux, elle disparaît néanmoins à la fin de la première partie avant de réapparaître dans le final convenu. L’histoire d’amour semble n’être qu’un prétexte pour mettre en avant la pseudo-conscience d’un personnage qui aurait gagné à ne faire aucun compromis. Il en va de même pour les sidekicks et les méchants du film dont l’humour est limité et qui ne sont jamais menaçants pour l’anti-héros.
L’énergie comique de Ryan Reynolds est à son comble dans Deadpool, écrit par Rhett Reese et Paul Wernick, scénaristes à l’origine de Bienvenue à Zombieland mais également de l’énigmatique G.I. Joe : Conspiration. On retrouve dans le long métrage les références bien senties du premier mais également l’incapacité à innover et à sortir des sentiers battus du second. Les vannes de Deadpool sont efficaces et nous assurent que l’on ne retombera dans le déluge de CGI de Green Lantern. Le héros passe son temps à critiquer les grosses productions foireuses dans lesquelles Reynolds s’est retrouvé mais ne propose aucune alternative pour relancer un genre qui évolue lentement.
Dans ses scènes d’action et sa construction narrative, Deadpool est jouissif et rythmé mais reste un produit parfaitement calibré dans lequel on ne retrouve jamais la folie du Super de James Gunn ou la violence exacerbée et inventive du premier Kick-Ass mis en scène par Matthew Vaughn. Quelques idées savoureuses sont tout de même à retenir, à l’image de la colocataire retraitée cocaïnomane et aveugle qui accompagne le héros.
A l’arrivée, s’il les critique à longueur de film, Deadpool a tout de même beaucoup de points communs avec ses copains X-Men. Largement au-dessus des épisodes solos de Wolverine, Deadpool n’est malheureusement pas à la hauteur de sa campagne de communication et s’impose comme un divertissement agréable mais en aucun cas subversif ou porteur d’idées innovantes.