Critique : Divines – Les chemins de la gloire

Affiche du film Divines sur laquelle les deux héroïnes sont devout dans une décapotable sur les Champs Elysées.

Dounia et Maïmouna sont meilleures amies depuis longtemps, font leurs études ensemble et rêvent d’un avenir où l’argent ne sera plus une nécessité. Lorsqu’elles font la rencontre de Rebecca, une dealeuse autoritaire qui gère le trafic de leur quartier, Dounia et Maïmouna voient à travers elle une solution pour s’en sortir rapidement.

Les influences de Divines sont nombreuses, de La Nuit du Chasseur en passant par les fameux Laurel et Hardy, Scarface ou encore La Haine. La fameuse phrase qui ouvrait le long métrage de Mathieu Kassovitz fait d’ailleurs écho au parcours de Dounia et Maïmouna. L’important n’est pas la chute mais l’atterrissage et dans leur cas, les péripéties sont nombreuses et plus tourmentées que celles de la journée fatidique de Vinz, Hubert et Saïd. Si les clins d’œil sont assumés et visibles, ils n’empêchent en revanche jamais l’œuvre de trouver sa propre voie.

Photo d'Oulaya Amamra en train de faire du quad avec ses amies dans le film Divines.

L’amitié entre Dounia et Maïmouna est présentée dans des séquences graves et drôles durant lesquelles Houda Benyamina laisse parler leur imagination. Lorsqu’elles s’imaginent dans une Ferrari dans les rues de Thaïlande, la réalisatrice se met au service de leurs envies. Le cadre est toujours réaliste et montre le quotidien des deux héroïnes mais certains effets de style reflètent parfaitement leur fantaisie et leur besoin de changement. Si le paysage est terne, les ambitions de Dounia et Maïmouna viennent le colorer dans une première partie où leur insouciance prend toujours le pas sur la morosité.

Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena impressionnent par leur justesse, à l’instar de Jisca Kalvanda, l’interprète de Rebecca, personnage charnière qui va tout faire basculer. Débrouillarde et charismatique, Rebecca est une meneuse organisée et dangereuse. Son influence va logiquement amener des situations compliquées pour Dounia et Maïmouna mais leurs décisions sont assumées avec une loyauté touchante jusque dans la fin poignante.

Photo de Kevin Mischel et Oulaya Amamra dans le film Divines, s'apprêtant à danser ensemble sur la scène d'une salle vide.

La réalisatrice joue habilement du décalage entre la réalité et la vision biaisée de Dounia et Maïmouna. Quand elles débarquent dans une boîte de nuit parisienne afin de piéger un caïd, les costumes et l’éclairage flamboyants contrastent avec la sombre mission qu’elles doivent entreprendre. Si l’engrenage des deux amies se ressent, la brutalité met du temps à arriver et l’espoir ne les quitte jamais. En développant un quatrième protagoniste essentiel, Houda Benyamina apporte une histoire d’amour convenue mais néanmoins nécessaire pour Dounia. Sans aborder des notions de morale ou de rédemption, Divines dévoile à travers cette romance embellie par de jolies scènes de danse une luminosité supplémentaire dans la vie de Dounia.

Alors qu’elles pensent s’élever, Dounia et Maïmouna se perdent. Divines affichait une certaine neutralité entre la tension des situations et la force de l’amitié mais le long métrage choisit une voie bien plus radicale dans son émouvante conclusion. En jouant sur le ressenti des deux héroïnes à travers une mise en scène bourrée d’idées intéressantes, Divines fait oublier à son spectateur certaines conséquences avant de les lui rappeler violemment. L’œuvre s’impose comme un film de gangsters tragique dont le propos social paraît secondaire mais est bel et bien constamment présent.

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