Critique : Free Fire – La Loi de Murphy

Affiche de Free Fire de Ben Wheatley sur laquelle les cinq personnages principaux brandissent une arme et s'apprêtent à tirer sur un montage photo voulu percutant et rétro.

Dix personnes se retrouvent dans un entrepôt de Boston afin de procéder à une vente d’armes clandestine. La transaction dégénère et les règlements de compte s’enchaînent. Les balles fusent, les traîtres apparaissent et chaque individu présent dans l’entrepôt ne pourra pas compter sur les autres pour tenter de survivre.

Après Kill List, Touristes et High Rise, Free Fire est le nouveau jeu de massacre de Ben Wheatley. Bien loin de sa récente adaptation du roman de J.G. Ballard dotée d’un riche propos social, le film est une comédie jubilatoire et violente qui se renouvelle en permanence grâce à ses dialogues et situations.

Le scénario semble à première vue manquer d’originalité étant donné que le fait de confiner plusieurs gangsters dans un entrepôt est une idée que Quentin Tarantino a brillamment développée dans Reservoir Dogs. Si la comparaison paraît évidente, Ben Wheatley s’en écarte constamment, notamment en déroulant son récit de façon linéaire tout en y intégrant de savoureuses ruptures de rythme. Ici, ce n’est pas le passé des personnages qui vient freiner l’intrigue mais les blessures qui les paralysent une bonne partie du film.

Photo de Brie Larson et Cillian Murphy à l'intérieur d'une voiture et observant dans la même direction dans le film Free Fire de Ben Wheatley. Elle est à l'avant. Il est à l'arrière.

Certains se comportent comme des professionnels, d’autres n’arrivent pas à garder leur sang froid. La transaction est rapidement plombée par des problèmes d’ego qui entraînent un défoulement stupide et réjouissant. Tout ce qu’il sait des protagonistes, le spectateur l’apprend lors de courtes discussions mais surtout dans leur façon de gérer l’énorme fusillade à laquelle ils se retrouvent contraints de participer.

Les dix malchanceux ratent constamment leurs tentatives d’apaisement ou de lutte et déclenchent des imprévus catastrophiques. Les tirs et impacts se répondent à merveille et chaque détail de l’entrepôt devient la source de nouveaux problèmes.

Photo de Cillian Murphy, Sam Riley et Michael Smiley étendus contre un pilier de l'entrepôt et blessés dans le film Free Fire de Ben Wheatley.

Avant de filmer des morts totalement absurdes, Ben Wheatley prend le temps de faire ramper ses personnages qui ont tour à tour des idées ingénieuses et lamentables. Tout au long de l’œuvre, le réalisateur réutilise habilement les poncifs et traits de caractère que ses protagonistes dévoilaient dans les scènes d’introduction. Le cinéaste en dit long sur eux à leur manière de tirer mais il parsème néanmoins le long métrage de courts échanges hilarants où la banalité du quotidien évoqué s’oppose toujours à l’enfer qu’ils ont bêtement créé.

Free Fire est l’occasion de se lâcher pour une bonne partie du casting, à commencer par Sharlto Copley, Armie Hammer et Jack Reynor. Si l’on plaçait un peu d’espoir en Cillian Murphy et Brie Larson pour les personnages qui s’en remettent à leur honneur, la fin aussi méchante que le reste de l’œuvre nous rappelle qu’il ne fallait évidemment compter sur personne.

Film d’action pure en hommage aux années 70 doté d’un montage percutant et d’un humour noir parfaitement dosé, Free Fire est une nouvelle preuve que Ben Wheatley est capable de mettre en scène le chaos sous toutes ses formes.

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