Pour le mariage de son père, Gaspard se rend dans le zoo familial duquel il s’est écarté depuis plusieurs années. Sur le chemin, il rencontre Laura, qui accepte de se faire passer pour sa petite-amie le temps du séjour. En arrivant au zoo, Laura fait la connaissance d’une famille farfelue qui lui réserve de nombreuses surprises.
Le ton théâtral et les décisions prises soudainement par les deux personnages principaux dans les premières minutes de Gaspard va au mariage donnent le sentiment qu’il sera difficile de rentrer dans le long-métrage. Néanmoins, cette introduction laisse clairement percevoir l’amour d’Antony Cordier pour la Nouvelle Vague, en grande partie grâce à la désinvolture de Laura.
A travers les dialogues francs et spontanés, le réalisateur révèle d’emblée le ton fantasque du film, qui se renforce lors de l’arrivée au zoo. Si le retour de Gaspard dans la demeure familiale donne lieu à des séquences touchantes, à commencer par tous les échanges avec son frère interprété par l’excellent Guillaume Gouix, c’est surtout le regard de Laura sur cet environnement totalement inconnu qui offre les meilleurs passages du long-métrage.
Antony Cordier navigue habilement entre la stupéfaction de l’héroïne et les réflexes toujours aiguisés de Gaspard dans le zoo, environnement merveilleux dans lequel il a baigné durant son enfance désormais révolue. Alors que la photographie donne d’abord l’impression d’être dans un conte, elle s’assombrit à mesure que le drame familial que Gaspard vit s’intensifie.
La beauté que les propriétaires du zoo trouvent dans le fait de s’occuper des animaux et leurs difficultés quotidiennes rappellent l’émouvant Nouveau Départ de Cameron Crowe. Néanmoins, Gaspard va au mariage est loin d’être une copie de son prédécesseur, en partie grâce à ses personnages singuliers.
Leur besoin de liberté peut d’abord désarçonner mais le spectateur le comprend à mesure qu’il en sait plus sur la famille. La construction en chapitres permet notamment de s’attarder sur chacun d’eux. Derrière leur excentricité apparente se cache une incapacité à quitter le nid mais surtout un amour inconditionnel pour leur zoo, repère qui a façonné leur identité et dont l’existence est menacée par des dettes et le changement du regard du public vis-à-vis de l’endroit.
Que ce soit le père volage mais profondément amoureux de sa future épouse, la sœur sauvage ou le frère qui estime que Gaspard est en train de foirer sa vie, tous les membres de cette cellule familiale soudée ont une personnalité extrêmement affirmée, dévoilée à travers des séquences qui confrontent malicieusement leur besoin d’indépendance à leur volonté d’être unis.
Grâce au regard bourré d’empathie de Laura, personnage pivot du film qui s’attache progressivement à Gaspard et ses proches, le spectateur passe de l’agacement à l’attachement vis-à-vis de la famille. Ce sont les répliques et le naturel de ce personnage, brillamment interprété par Laetitia Dosch, qui confèrent le plus au film l’originalité voulue par Antony Cordier.
Le réalisateur a parfois tendance à vouloir mettre des mots sur des sentiments qui n’en ont pas besoin, du fait de leur universalité. Néanmoins, il lâche parfois les rênes et offre à son spectateur de jolis moments où les relations fusionnelles prennent tout leur sens, à l’image d’une scène de danse ou d’une réconciliation qui se fait naturellement. Même s’il troque parfois sa spontanéité contre des séquences trop contrôlées, et donc nettement plus sages, Gaspard va au mariage mérite le coup d’œil pour son envie de prendre un chemin narratif bien moins établi que bon nombre de comédies françaises.
Gaspard va au mariage est disponible en DVD et VOD depuis le 5 juin 2018.