Critique : I love you man – Le péril pas si jeune

Affiche du film I love you man de John Hamburg. Nous y voyons Rashida Jones et Paul Rudd au second plan en tenues de mariés. Devant eux, Jason Segel est affalé dans son fauteuil face à l'objectif, avec son chien proche de lui.

Il arrive un âge dans la vie où il faut se marier ou du moins se poser. C’est comme ça. On doit rentrer dans le rang et se créer un bonheur organisé. Pete, le personnage principal du film, a parfaitement réussi à ce niveau là.

Comblé dans sa vie amoureuse et professionnelle, Pete se rend compte qu’un élément essentiel va venir compromettre son projet de mariage. Il n’a pas d’amis. Evidemment, les connaissances ne manquent pas mais ce modèle de réussite du XXIème siècle ne partage rien avec personne. Sauf sa femme. Lorsque cette dernière lui demande quel témoin il a choisi, Pete est dans l’incapacité de répondre. Il va donc partir à la recherche de son futur meilleur ami.

Ce film rappelle par son sujet la comédie dramatique Mon meilleur ami de Patrice Leconte. L’énorme différence, c’est qu’il y a deux humoristes dans I love you man, alors qu’il n’y en avait malheureusement pas dans le long métrage de Leconte, qui était porté par Daniel Auteuil et Dany Boon. Si l’on compare ce dernier à Jason Segel, artiste complet, on se rend vite compte de la différence entre le potentiel comique de l’Hexagone et celui des Etats Unis.

Photo de Jason Segel dans le film I Love You Man. Dans une rue de Los Angeles proche de l'océan, Jason Segel hurle à un homme en face de lui.

Jason Segel est clairement le personnage le plus intéressant de l’œuvre. Lorsque Pete commence à nous agacer à cause de son incapacité à être cool, il débarque et détend la situation immédiatement. Paul Rudd (40 ans mode d’emploi) réussit à lasser le spectateur à cause de sa crispation continuelle. C’est alors que débarque le duc Segel, lointain héritier du légendaire Jeff Lebowski. Tranquille, Sydney est l’opposé de Pete, un solitaire libre qui recherche le plaisir et la détente à travers toutes les situations. On s’en rend compte lors d’une superbe séquence durant laquelle Sydney, profitant d’un buffet, analyse le pet d’un autre homme qui tente d’être discret en présence de sa femme.

Certes, l’humour est potache, la fin est prévisible, le schéma rencontre-dispute-réconciliation est respecté mais cette bromance respire la sincérité plus que n’importe quelle comédie française. On rit de bon cœur et on se prend d’affection pour ces deux adultes qui sont restés bloqués à l’adolescence et qui n’ont peut-être pas eu tort.

I love you man, c’est une comédie façon Apatow pleine d’humanité à laquelle il aurait fallu un scénario légèrement moins convenu. On pourra toujours reprocher à la bande du cinéaste de 40 ans toujours puceau son côté beauf et nombriliste. Pourtant, les influences totalement assumées et toujours bien détournées par les comiques ont fait d’eux les héritiers d’une pop-culture adoubée par plusieurs générations. Si l’on pense que leurs films ne volent pas toujours haut, ils sont néanmoins fédérateurs, bénéfiques et revendiquent un amour du cinéma populaire qui a tendance à disparaître.

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