Critique : Il était temps – Soyez sympas rembobinez

Affiche d'Il était temps sur laquelle Rachel McAdams et Domhall Gleeson rient aux éclats sous la pluie.

On pensait en avoir fini avec les téléfilms mielleux portés par Sarah Jessica Parker, Jennifer Garner et feu Matthew McConaughey (l’ancien, pas son clone qui nous surprend de jour en jour). On pensait tout connaître du genre et même si l’on aime bien les films de Joe Wright, les lettres de John Keats et que l’on a tout suivi de la nouvelle saison du Bachelor, on était persuadé que les comédies romantiques, c’était sympa mais sans plus.

Ces deux dernières années, nous nous sommes seulement rabattus sur le génial Happiness Therapy qui traitait son sujet sans aucune complaisance et Nouveau Départ, soupe de bons sentiments qui manquait de subtilité mais regorgeait de sincérité. Le point fort d’Il était temps est d’arriver à maintenir un parfait équilibre entre ces bons sentiments et son intrigue jamais délaissée au profit des insupportables clichés. Le long métrage ne suit d’ailleurs pas le schéma habituel de la plupart des œuvres du genre.

Ici, les déchirements et les réconciliations entre les personnages ne se font pas à cause d’une vaisselle mal lavée ou d’une réflexion vaseuse sur une prise de poids. Les enjeux sont beaucoup plus importants car le héros a la capacité de remonter le temps.

On ne reviendra pas sur toutes les incohérences qu’engendre le don de Tim, individu sensible et réservé qui va néanmoins gagner en confiance grâce à cette faculté exceptionnelle. Richard Curtis utilise ce procédé pour développer des enjeux dramatiques déjà vus sous un angle différent.

Lorsqu’il associe le voyage dans le temps à la fondation d’une famille ou au contraire à son effondrement, il nous ramène à des valeurs et des situations universelles traitées de manière bouleversante. Le cinéaste n’est pas là pour rappeler à son public à quel point ces moments de vie sont décisifs. Il les met simplement en avant pour construire une comédie dramatique dotée d’une cohérence narrative du début à la fin. Ce qui nous intéresse et nous désarme, ce n’est pas le pouvoir de Tim mais la simplicité de ses choix de vie qu’il agrémente parfois de petits avantages.

Photo de Rachel McADams et Domhall Gleeson déguisés dans le métro londonien dans le film Il était temps.

Habituée des comédies romantiques, la pétillante Rachel McAdams trouve un rôle similaire à celui qu’elle tenait dans N’oublie jamais et Je te promets. Si nous la retrouvons souvent dans ce registre, ses choix de carrière font qu’elle ne sera jamais uniquement associée au genre comme cela a pu être le cas pour des comédiennes comme Katherine Heigl ou Kate Hudson qui ont des palettes de jeu bien moins larges. Il se dégage une véritable alchimie duo qu’elle forme avec Domhnall Gleeson, moins bourru mais tout aussi talentueux que son père Brendan. Quant à Bill Nighy, on n’aurait pas rêvé mieux pour incarner cette figure paternelle complice et tendre. Le côté pince-sans-rire de l’acteur fétiche de Curtis fait toujours mouche.

L’autre point fort d’Il était temps, c’est évidemment le cadre british qui donne lieu à des séquences exquises. Partagé entre les Cornouailles et Londres, le spectateur voit les personnages évoluer dans des cadres bien mis en valeur. Pour en témoigner, nous retenons la séquence de noces sous la pluie qui illustre parfaitement le joli propos du long métrage. La scène en question envoie balader tous les stéréotypes engendrés par Curtis lui-même avec Quatre mariages et un enterrement et est plutôt à rapprocher du final de Diamants sur canapé. 

Il était temps est une réussite totale. On exagère sûrement mais on n’avait pas été aussi émus par une oeuvre romantique depuis Blue Valentine qui est pourtant son exact opposé. Richard Curtis amène de la fraicheur dans un genre qu’on pensait épuisé et si son film se révèle assez prévisible, il s’en dégage une atmosphère, un ton et une sensibilité qui en font l’un des meilleurs feel good movie vus depuis longtemps, que l’on rangera aux côtés de Peggy Sue s’est mariée et Un jour sans fin.

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