Critique : Jean-Michel Basquiat, Un adolescent à New York – Shine a Light

Affiche de Basquiat, Un adolescent à New York de Sara Driver, qui dévoile un portrait en noir et blanc de Jean-MIchel Basquiat, devant une rue de New York.

Sorti en DVD fin mars en France, Basquiat, Un adolescent à New York revient sur une période courte mais extrêmement dense de la vie de Jean-Michel Basquiat. Réalisé par Sara Driver, à laquelle on doit notamment When pigs fly, ce documentaire passionnant nous plonge dans le New York de la fin des années 70 et du début des années 80, alors que la mégalopole est en pleine faillite.

Dans cette époque révolue où le taux d’homicide est à son comble, le jeune artiste est comme un poisson dans l’eau dans la Grosse Pomme. Dans les rues de New York, Jean-Michel Basquiat et Al Diaz démarrent leur carrière avec des graffitis portant la marque désormais légendaire SAMO©, choisissant alors de ne pas dévoiler qu’ils sont à l’origine de ce sigle. Dès ses débuts, alors que le jeune homme alterne entre les canapés de ses différents amis pour se loger, son ton poétique est déjà largement perceptible à travers des formules courtes et incisives taggées sur les murs de la ville.

Photo en noir et blanc de Jean-Michel Basquiat, assis sur un tabouret, le regard vers l'objectif. Une guitare est posée sur le sol à sa droite.

Alternant entre témoignages captivants et images d’archives sublimes, le documentaire de Sara Driver révèle à merveille en quoi Jean-Michel Basquiat était parfaitement ancré dans son époque. Doté d’une ambition énorme et d’une envie d’acquérir une véritable reconnaissance à l’égard de son travail, l’artiste protéiforme et pourvu d’une véritable conscience politique a su saisir des occasions inespérées, avec un plan d’action particulièrement malin. C’est notamment le cas lorsqu’il décide de révéler qu’il est derrière l’enseigne SAMO© au cours d’une soirée, n’hésitant pas à mettre de côté son ancien partenaire.

À l’image de certains pionniers du graffiti comme Lee Quiñones, instigateurs du mouvement hip-hop lorsque ce dernier n’avait pas encore été nommée, Jean-Michel Basquiat était capable d’interpeller et questionner immédiatement le regard des spectateurs. Ses vieilles connaissances laissent percevoir un esprit totalement libre dans le documentaire, mais qui n’omettait jamais une part de calcul dans ses démarches. Cela se ressent par exemple lorsque Kenny Scharf raconte son improbable rencontre avec Andy Warhol.

Photo en noir et blanc de Jean-Michel Basquiat, qui regarde vers le sol sur sa gauche en se tenant les cheveux.

L’énergie inépuisable, le côté volage – en amour comme en amitié – et ses influences punk sont également évoquées avec tendresse et honnêteté dans les témoignages. Sara Driver réussit ainsi à dresser le portrait d’un véritable artiste bricoleur, constamment focalisé sur ses travaux mais aussi extrêmement attentif aux projets des autres. Une courte intervention de Jim Jarmusch, compagnon de la réalisatrice et réalisateur des superbes Broken Flowers et Paterson, synthétise avec brio ces impressions.

Personnalité magnétique qui a su laisser une trace indélébile en moins de quinze ans de carrière, Jean-Michel Basquiat fut un être fascinant pour son entourage, et ce dès l’adolescence. Sans mythifier le personnage, Basquiat, Un adolescent à New York revient avec précision sur ses admirables débuts, déjà porteurs de toute l’identité de cette figure adulée.

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