Critique : Jessie – Wonder Woman

Affiche de Jessie de Mike Flanagan sur laquelle Carla Gugino est menotée sur un lit, avec le corps sans vie de Bruce Greenwood étendu sur elle.

Pour remettre du piment dans leur vie de couple, Jessie et Gerald décident de passer un week-end dans leur résidence secondaire, calme et isolée. Peu de temps après leur arrivée, Gerald propose un jeu sexuel à sa compagne. Jessie se retrouve alors menottée au lit, méfiante vis-à-vis des envies de son mari. Lorsque ce dernier décède subitement d’une attaque, l’héroïne doit faire preuve d’ingéniosité pour se libérer.

Dans l’introduction de Jessie, Mike Flanagan révèle discrètement la plupart des obstacles auxquels le personnage devra faire face tout au long de ce thriller adapté d’un roman de Stephen King. Le cinéaste ne laisse cependant pas entrevoir la nature de ses deux protagonistes et le fossé qui s’est creusé entre eux au fil des ans.

Le décès de Gerald, incarné par un Bruce Greenwood joyeusement cynique, arrive très rapidement. Avant son attaque, Mike Flanagan crée le malaise lorsque le mari de Jessie se montre plus qu’insistant alors que cette dernière ne cesse d’exprimer son refus.

Photo tirée du film Jessie de Mike Flanagan, sur laquelle l'héroïne interprétée par Carla Gugino est menottée à son lit alors que son mari incarné par Bruce Greenwood pointe deux doigts sur son front.

Le spectateur comprend progressivement que l’agression constitue en réalité le cœur du propos de Jessie, qui représente l’un des thrillers les plus surprenants de l’année. Mike Flanagan distille en effet des révélations bouleversantes, en fonction des étapes de l’héroïne qui repousse ses limites et affronte ses peurs plus profondes. Comme dans Pas un bruit, il joue avec la nature et les souffrances de son personnage pour l’imposer progressivement comme un modèle de courage.

Le réalisateur confronte son spectateur à des craintes universelles comme la peur de l’obscurité, de l’impossibilité d’agir et bien évidemment de la mort, qui se rapproche peu à peu de Jessie. Pour se libérer, l’héroïne va devoir évacuer les manipulations et les mensonges dont elle a été victime afin de se réconcilier avec elle-même.

Photo tirée de Jessie de Mike Flanagan sur laquelle l'héroïne interprétée par Carla Gugino est menottée dans un lit alors que son mari interprété par Bruce Greenwood l'observe près de la fenêtre.

Mike Flanagan assume totalement le côté onirique du film. C’était déjà le cas dans Ne t’endors pas mais les symboles visuels sont ici mieux placés, ce qui rend l’œuvre nettement plus élégante. L’importance de l’éclipse et sa réutilisation offrent par exemple des séquences à la fois effrayantes et fascinantes. Le cinéaste réussit également à jouer de son environnement, à commencer par la chambre et le lit sur lequel Jessie est coincée.

Le réalisateur use de nombreux procédés de mise en scène pour représenter le calvaire de son protagoniste. La personnification des voix qui tourmentent Jessie permet notamment de comprendre la dualité dans laquelle elle se retrouve avant de suivre son instinct de survie. Flanagan ne se contente donc pas de mettre en scène un huis clos malin et efficace. L’épilogue qui finit d’ériger Jessie en héroïne touchante, pour lequel le spectateur n’a que de l’admiration, confirme ce sentiment.

Violent et éprouvant mais jamais gratuit, Jessie est le long métrage le plus impressionnant de son cinéaste, qui traite une nouvelle fois ses personnages avec une empathie déconcertante. Carla Gugino livre dans le thriller une performance viscérale impressionnante. Avec Jessie, Netflix vient de nous offrir l’un des meilleurs films d’horreurs de l’année, cohérent de bout en bout et oscillant avec brio entre ambiance fantastique et survival.

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