Critique : Jurassic World – Le parc infernal

Affiche de Jurassic World. Nous y voyons Chris Pratt conduire en moto entouré d'une bande de vélociraptors.

En 2015, il est possible de dompter des vélociraptors, les dinosaures classiques sont démodés et Jurassic Park n’est plus qu’une mauvaise catastrophe oubliée et transformée en Jurassic World. On pourrait croire qu’il s’est passé beaucoup de choses en 22 ans, que les producteurs ont détruit le mythe et que cette trajectoire amène un nouveau souffle à l’univers créé par Michael Crichton et sublimé au cinéma par Steven Spielberg.

Malgré les tentatives de se libérer du modèle, il est impossible pour Colin Trevorrow de s’en détacher tant l’envie de lui rendre hommage est forte. Coincé entre le cynisme de l’entreprise qui manque profondément d’originalité et le regard d’un ancien enfant émerveillé, Jurassic World est traversé de quelques jolies fulgurances visuelles plombées par un scénario creux qui oublie ses personnages et ne fait pas non plus la part belle aux créatures.

Dans sa première partie assez laborieuse, Jurassic World nous présente le parc d’attractions spectaculaire et lucratif pensé par Hammond et repris par un milliardaire au propos faussement humaniste qui souhaite, malgré ses convictions, créer une bête encore plus effrayante. Si le scénario est rempli de punchlines dénonçant l’avidité des gestionnaires du parc, le film reste tout de même le blockbuster aux placements de produits les plus flagrants et les plus nombreux de l’année. Jurassic World est rempli de contradictions et s’impose comme un long métrage voulant innover mais qui ne cesse de retourner aux fondamentaux mis en place par Spielberg.

Photo de Chris Pratt dans le film Jurassic World. L'acteur est pris de dos et est face à trois vélociraptors qu'il tente de dompter.

A travers les yeux ébahis de deux enfants fascinés, comme c’était le cas en 1993, nous découvrons un environnement où les humains et les dinosaures peuvent désormais cohabiter en toute tranquillité. Incapable d’instaurer des enjeux dramatiques et de développer les motivations et ambitions de ses protagonistes, Trevorrow va jusqu’à confirmer des théories évoquées sur Twitter pour nous faire comprendre l’origine de ses héros. Nouvelle figure cool d’Hollywood, Chris Pratt (Les Gardiens de la Galaxie) porte le film efficacement mais son interprétation badass n’arrive jamais à avoir notre empathie et notre attachement, comme c’est le cas pour tous les autres personnages.

Jurassic World prône le renouveau de la saga mais n’a pas d’identité propre. Que ce soit à travers l’utilisation improbable d’une jeep de 1993, la présence d’un tee-shirt vintage ou l’apparition logique du T-Rex à un moment capital, de nombreux éléments prônent le retour aux sources et l’impossibilité de surpasser le modèle. C’est dommage car Colin Trevorrow réussit à nous impressionner lors de certaines séquences, à commencer par la chevauchée des raptors à laquelle on ne croyait pas du tout à la vue des premiers posters et bandes annonces. Il y a également l’échappée de la volière et des plans révélant le massacre causé par l’Indominus Rex qui retiennent notre attention et valent le détour. Trevorrow ne sait pas donner autant d’ampleur à son récit que Spielberg mais il en a conscience. Si cette humilité se ressent lors des scènes d’action, elle bride le metteur en scène dans la construction de son long métrage, qui reprend le schéma narratif de Jurassic Park dans la première partie, puis du Monde Perdu dans les deux derniers tiers où les militaires sont forcés d’intervenir.

Comme la plupart des reprises de franchises sorties récemment, Jurassic World est un divertissement vain et anodin qui n’a d’autre raison d’exister que celle de relancer une saga lucrative. Impersonnel et sans surprise, le long métrage de Trevorrow est un énième produit inoffensif traversé par de jolies séquences qui ne parviennent jamais à effacer l’inutilité de l’ensemble.

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