Critique : Knight of Cups – A l’ouest d’Eden

Affiche du film Knight of Cups de Terrence Malick. L'affiche est à l'image d'une carte de tarot. Le corps de Christian Bale est retourné, la tête vers le bas. Nous voyons la lune derrière lui. Au dessous, des palmiers représentent Los Angeles, le cadre du film.

Le chevalier de coupe s’ennuie et rêve de trouver la perle de sa quête. Il cherche l’union amoureuse mais ne parvient pas à se libérer du système hollywoodien. Songeur, solitaire et proche de la nature, il s’égare dans des fêtes luxueuses et se masque pour s’adapter. « Nous ne menons pas la vie que nous devrions » lui dit l’une de ses conquêtes au moment d’entamer son parcours libérateur.

Conclusion de la trilogie débutée par The Tree of Life et continuée avec A la merveille, Knight of Cups est le nouveau voyage d’un homme perdu en quête de paix intérieure.

Comme dans A la merveille, le héros incarné par Christian Bale ne sait pas ce qu’il recherche et vit des expériences amoureuses sans en connaître le sentiment véritable. Comme dans The Tree of Life, ses relations familiales, la perte d’un être cher et son rapport à la nature l’influencent et le conditionnent.

Photographie du film Knight of Cups réalisé par Terrence Malick. Christian Bale et Cate Blanchett marchent sur une plage l'un contre l'autre, vêtus de noir.

Avec Knight of Cups, Terrence Malick fait une magnifique jonction entre ses deux précédents longs métrages. Plus lumineux, le film est également celui où son personnage se perd le plus. Bale déambule dans Los Angeles, ville vide dont la largeur ne suffit pas à combler l’étouffement de Rick. Le scénariste explore les toits, les plages et les soirées de la cité des anges. Dans ces dernières, les plans aériens ne représentent pas l’envol et la légèreté mais l’abandon et l’ivresse. Parfois pathétique, Rick se fond dans un environnement qu’il ne supporte plus et que certains pointent du doigt, à l’image des protagonistes interprétés par Imogen Poots et Cate Blanchett.

En utilisant les cartes du tarot, Terrence Malick apporte une structure logique à l’évolution de son chevalier. Chaque membre de son entourage lui permet d’avancer vers la délivrance magnifiquement abordée dans la dernière partie intitulée Liberté. Mais avant cela, Rick sera l’ermite au milieu du groupe, prendra conscience de la solitude d’un père proche de la mort et devra affronter toutes ses déceptions amoureuses, qu’elles soient tragiques ou insignifiantes.

Les images et les voix off se complètent en permanence et se répondent parfaitement. L’absence quasi-totale de dialogues permet aux protagonistes de mieux vivre à l’écran, de se déplacer, de se toiser et de s’étreindre. Elle renforce également la sensation d’errance et le flou que traverse Rick. Le spectateur traverse ses songes et ses remises en question. Lorsqu’un tremblement de terre survient, Rick se rapproche du sol et la caméra le suit avec grâce. Quand il s’émerveille devant l’horizon, le spectateur est lui aussi rêveur devant les magnifiques paysages. Les vertiges sont palpables lors des passages où Rick est épuisé par ses soirées. Malick réussit une nouvelle fois à nous faire voyager dans l’esprit de son personnage.

Photo du film Knight of Cups de Terrence Malick. Dans une pièce sombre, Christian Bale se tient en bas d'un escalier et regarde vers le haut d'où provient la lumière. Il semble gravir les marches de l'escalier.

Les ambitions de Rick traduisent une volonté universelle que ressentaient également Sean Penn et Ben Affleck dans les deux autres longs métrages, celle de dépasser sa condition et de s’élever pour trouver la plénitude. Rick est cependant moins désabusé et moins lâche. A l’instar du religieux incarné par Javier Bardem dans A la merveille, le scénariste va apprendre que la souffrance est révélatrice d’humanité et peut s’avérer salvatrice. Lors de la confrontation bouleversante avec le prêtre joué par Armin Mueller-Stahl, Rick cesse de subir la douleur et la transforme en apprentissage. Il n’est alors plus l’esclave de son système et est à même de s’en détacher pour terminer sa quête.

Œuvre onirique et humaniste magnifiée par la photographie d’Emmanuel Lubezki, la bande sonore d’Hanan Townshend et les interprétations d’un casting impliqué, Knight of Cups vante une nouvelle fois le retour à la nature et porte toutes les qualités de mise en scène et d’écriture de son auteur. La boucle ouverte avec The Tree of Life est désormais bouclée et forme l’une des expériences cinématographiques les plus fascinantes de ces dernières années.

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