Disney continue ses adaptations live et c’est au tour du dessin animé sorti en 1992 d’être remis au goût du jour. Après Le Livre de la jungle, Le Belle et la Bête s’impose comme la nouvelle production d’un studio qui, s’il réussit son pari technique de film en film, peine néanmoins à laisser le champ libre à des réalisateurs qui respectent leur cahier des charges à la lettre.
S’il ne tombe à aucun moment dans le défouloir numérique que représentaient les deux derniers épisodes de la saga Twilight, Bill Condon ne parvient pas à laisser une quelconque emprunte à cette nouvelle version cinématographique du conte.
Fort heureusement, le cinéaste a à sa disposition un scénario riche et aligne les péripéties sans temps mort. De la présentation du village dans lequel Belle se sent incomprise à celle de Gaston, chaque personnage a droit à une introduction en chanson qui reprend une esthétique semblable voire identique à celle de son modèle. Les rares changements apportés aux protagonistes ne bouleversent pas le récit et La Belle et la Bête ne propose dans son script absolument rien d’inédit.
Tout l’onirisme du conte et la complexité des personnages parfaitement repris dans la version de Jean Cocteau disparaissent au profit de situations qui s’enchaînent très vite. Le réalisateur ne prend jamais le temps de développer les événements charnières, excepté la découverte du château dans lequel la Bête est recluse. Endroit où les objets vivent et s’en donnent à cœur joie avant que le dernier pétale de rose tombe, ce lieu mystérieux semble être le seul où Bill Condon se permet quelques fantaisies.
Alors que Christophe Gans filmait la Bête errant seule dans sa tour d’ivoire dans sa récente adaptation, Bill Condon ne lui accorde que très peu de temps dans le long métrage. Finalement peu intrigante ou inquiétante, elle ne se dévoile que lors d’un moment à la bibliothèque justifiant ses points communs avec Belle mais n’approfondissant jamais sur son arrogance passée ou sa solitude.
Le cinéaste et les scénaristes ne s’offrent aucune liberté, modernisent un mythe à travers un habillage visuel réussi mais ne parviennent pas à provoquer chez le spectateur les émotions du dessin-animé. Certaines séquences comme le passage à Paris cloisonnent le spectateur dans un lieu minuscule, effaçant toute la féérie que l’on peut espérer d’un conte présentant la capitale au XVIIème siècle.
Pour les adultes, La Belle et la Bête surfe sur un sentiment de nostalgie. Malgré l’implication des comédiens, à commencer par Emma Watson, Ewan McGregor et Luke Evans, il est difficile de se passionner pour cette relecture sans prise de risque du classique du studio. Si l’on retient quelques envolées numériques notamment lors de l’effondrement final, aucun plan emblématique ne se démarque de ceux du film d’animation.
En ne s’écartant pas de la volonté d’un studio qui reste sur ses acquis, Bill Condon signe avec La Belle et la Bête un long métrage rythmé et entraînant dans ses meilleurs moments mais vain et manquant profondément d’originalité dans l’ensemble.