Après avoir éradiqué une équipe d’assaillants de la tour Montparnasse, Eric et Ramzy remontent dans les années 80 pour nous raconter un épisode héroïque de la vie d’Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk, deux pilotes de chasse extrêmement brillants prêts à tout depuis leur nouveau record de vitesse à bord d’une centrifugeuse.
Devenus débiles suite à cette victoire sur la vie, Ernest et Bachir sont réaffectés à Aurly Ouest en tant que bagagistes. Lorsqu’une bande de terroristes prend en otage l’aéroport et menace de détruire Paris, les deux anciens soldats sont forcés de reprendre du service.
Les années 80 sont un formidable terrain de jeu pour Eric et Ramzy. Elles permettent aux deux comiques de parodier les blockbusters de l’époque qui changèrent la face du cinéma d’action à l’image du fabuleux 58 minutes pour vivre, deuxième opus souvent décrié de la saga Die Hard dont Eric et Ramzy connaissent les codes. L’amitié virile, la capacité à encaisser les blessures et ne pas s’évanouir malgré les flots d’hémoglobine ou encore les trouvailles instantanées de solutions ingénieuses sont des éléments parfaitement repris et contournés dans ce prequel bien plus barré que le premier épisode.
En passant à la réalisation depuis Seuls Two, Eric et Ramzy ont trouvé une liberté qui leur permet d’approfondir leur humour singulier. Quentin Dupieux avait révélé leur maîtrise de l’absurde dans Steak et l’on retrouve l’influence du cinéaste dans la mise en scène d’Eric Judor. La reconstitution de l’époque dans laquelle les deux héros errent plus qu’ils n’agissent fout immédiatement le cafard, à l’instar des banlieues tranquilles mais vides de Steak.
Dans cet univers, Eric et Ramzy gambadent et le décalage entre les longs couloirs vides et le talent qu’ont les comiques à parler énormément pour ne rien dire est jubilatoire. Les quiproquos se succèdent et déstabilisent le spectateur qui s’attendait à une suite aussi ahurie que le premier. Le long métrage joue beaucoup sur les silences, le vide et l’absence totale de motivation et d’intelligence des deux héros mais aussi des terroristes.
Le leader de ces derniers est interprété par Philippe Katerine. Son comportement lunaire se marie à merveille avec les répliques. Il ne faut pas chercher de logique dans leur enchaînement au risque de s’ennuyer profondément et de passer à côté du film. C’est souvent le cas avec Eric et Ramzy, artistes qui n’ont pas toujours été bien servis sur grand écran et qui ont désormais les moyens d’assumer pleinement leur style. S’il ne provoque pas d’énorme fou rire, La tour 2 contrôle infernale est cohérent de bout en bout et l’on ne retrouve pas les compromis faciles qui caractérisaient Les Dalton et Halal Police d’Etat.
La tour 2 contrôle infernale possède tout de même des séquences très drôles, à commencer par les échanges du tandem avec un bagagiste bodybuilder ou les confrontations entre Marina Foïs et Grégoire Oestermann, exceptionnels dans les rôles du Ministre de l’Intérieur et son assistante préoccupés par l’attaque qui leur pose des contraintes d’emploi du temps. Ce duo reflète d’ailleurs bien l’énergie du long métrage, savoureux mélange d’absurdité et d’humour pince-sans-rire qui, s’il ne laisse pas un souvenir impérissable, confirme la réussite du changement de trajectoire opéré par Eric et Ramzy depuis Steak.