Ancien gangster, Monty Brogan est condamné à une peine de sept ans de prison après s’être fait dénoncer par l’un de ses proches. 24 heures avant son incarcération, Monty règle ses comptes et fait ses adieux à son entourage.
Premier film de Spike Lee réalisé après les attentats du 11 septembre 2001, La 25ème heure est à ranger parmi les œuvres les plus sombres et désabusées du cinéaste. Le long métrage montre à quel point la ville est écrasante quelques mois après les événements meurtriers. Lorsque l’on découvre Ground Zero depuis un balcon ainsi que les faisceaux lumineux qui s’élancent vers le ciel, le poids de la catastrophe sur les new-yorkais se fait ressentir.
Façonné puis détruit par New York, Monty lui voue une rage exprimée lors d’un monologue où Edward Norton trouve l’un des plus forts moments de sa carrière. Qu’il s’agisse de lui, sa petite amie Naturelle ou ses compagnons d’enfance devenus trader et professeur, tous sont en perte de repères.
En croisant le destin de sa ville et celui du criminel repenti, Spike Lee montre comment le conditionnement social influe sur le parcours des citadins mais également l’inverse. La 25ème heure s’oppose au Cogan d’Andrew Dominik qui révélait l’impact de la crise sur des criminels désorientés. Moins fataliste, Spike Lee préfère l’union à l’individualisme et l’affirme dans une conclusion bouleversante dont la luminosité est parfaitement contrecarrée par le reste du film.
S’il nous livre une magnifique envolée symbolique comme il l’avait fait dans He Got Game, Spike Lee confère néanmoins une véritable noirceur à La 25ème heure. Monty est une ancienne petite frappe qui a rencontré les mauvaises personnes au mauvais moment et le cinéaste ne l’épargne en rien.
Confronté à la pression de la mafia durant cette nuit décisive, Brogan va mettre à l’épreuve l’amour de Naturelle et la fraternité de ses deux meilleurs amis. Chaque personnage se révèle durant de longues séquences dans une boîte de nuit où chacun dévoile ses intentions. L’ambiance est oppressante, les plans évoquent Mean Streets et Edward Norton doit faire preuve d’autant de ténacité qu’Harvey Keitel pour terminer ses affaires.
Les répétitions dans le montage nous rappellent constamment que cette nuit est bien trop courte et que les adieux sont définitifs. La partition mélancolique de Terence Blanchard et les prestations désespérées de comédiens impeccables s’opposent aux souvenirs éclairés de Monty et au lever du jour apaisant sur les rives new-yorkaises. Jamais idéaliste ou pessimiste, Spike Lee trouve avec La 25ème heure le ton idéal pour représenter la fin d’une époque pour un gangster qui affronte ses responsabilités mais la reconstruction solidaire d’une ville qu’il aime tant.