Critique : Le crime de l’Orient Express – Piège à grande vitesse

Affiche du Crime de l'Orient Express de Kenneth Branagh, sur laquelle la plupart des protagonistes font face à l'objectif avec un air mystérieux.

Après Shakespeare et Mary Shelley, Kenneth Branagh s’attaque à une œuvre d’Agatha Christie avec cette nouvelle adaptation du Crime de l’Orient Express. L’acteur et réalisateur nous plonge dans un wagon où un meurtre sordide est commis. Au fil de son enquête, le fameux détective Hercule Poirot, passager de dernière minute de l’engin qui sillonne l’Europe, découvrira que la vérité est bien différente de ses présomptions.

Il est difficile de se faire au faux accent belge de Branagh dans les premières minutes du film, ainsi qu’à sa moustache malheureusement plus mémorable que la plupart des seconds rôles prestigieux. Néanmoins, le comédien apporte de l’humour à son interprétation d’Hercule Poirot, qui s’est transformé en homme d’action pour l’occasion.

Malgré les écarts faits au roman, le spectateur se laisse prendre au jeu et l’envie de voir l’intrigue avancer est bel et bien présente dans la première partie du film. L’arrivée dans le train des différents passagers de la première classe, qui deviendront tous suspects, renforce d’ailleurs ce sentiment. Comme souvent chez Branagh, le montage est particulièrement dynamique. Le premier acte se révèle captivant et le cinéaste réussit à cultiver le mystère autour de ses protagonistes.

Photo tirée du Crime de L'Orient Express de Kenneth Branagh, sur laquelle Johnny Depp regarde à travers la vitre du train avec un air sombre.

Hélas, les choses se gâtent une fois que ces derniers et le spectateur se retrouvent définitivement bloqués à bord du train. Les dialogues sont souvent très courts et fonctionnels, et ne permettent pas d’en savoir davantage sur ces individus pourtant intrigants. Lorsque le meurtre arrive, Kenneth Branagh cabotine durant la séquence et fait ainsi retomber tout le suspense.

Le comédien restera dans cette composition théâtrale jusqu’à la fin du long-métrage, à tel point que le spectateur a l’impression de ne voir que lui à l’écran. C’est dommage, au vu des pointures qui l’entourent et qui n’ont finalement que très peu de temps pour s’exprimer. Les excès de Branagh viennent également gâcher certaines scènes soignées, à l’image de celle des révélations durant laquelle l’émotion ne décolle absolument pas, et ce malgré le ton extrêmement solennel de l’acteur.

Photo tirée du Crime de l'Orient Express de Kenneth Branagh, sur laquelle le comédien qui incarne Hercule Poirot se tient devant le train.

Le crime de l’Orient Express semble avoir été réalisé pour ouvrir une nouvelle franchise dans laquelle Kenneth Branagh s’en donne à cœur joie, au point d’en éclipser ses partenaires et de rendre le fameux twist extrêmement plat. Les déductions du détective sont extrêmement expéditives et en aucun cas appuyées par la mise en scène, qui se contente de suivre sagement Poirot dans les minuscules wagons du train. Mieux vaut se pencher sur la version de 1974 du grand Sidney Lumet, qui faisait la part belle à tous les membres de son incroyable casting.

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