Will Ferrell est le roi de la comédie américaine. Ayant maintes et maintes fois repoussé les limites de la connerie (Frangins malgré eux, Ricky Bobby : roi du circuit), l’artiste est de retour et reprend ce qui est à nos yeux son meilleur personnage, celui du légendaire présentateur Ron Burgundy.
Nous avions laissé Ron au top de sa carrière à la fin du premier opus. Nous le retrouvons épanoui, marié à la belle Veronica (Christina Applegate) et prêt à conquérir le paysage télévisuel new-yorkais. Malheureusement les choses se gâtent pour Ron. Licencié et largué, la vedette est au fond du trou. L’ancienne gloire de la télévision va devoir faire appel à ses anciens partenaires pour relancer sa carrière, reconquérir sa bien-aimée et envahir les ondes américaines de sa splendide présence.
On n’aurait pas pu rêver meilleure suite à La légende de Ron Burgundy. En retrouvant son compère Adam McKay, Ferrell fait ce qu’il a toujours fait, mettre en avant la connerie pour dénoncer la débilité. L’auteur pousse l’absurdité à son paroxysme et s’attaque aux aspects beaufs et aux limites du « journalisme ». Qui d’autre que cet imbécile de Ron Burgundy aurait pu inventer l’information en continu ? Encore une fois, le résultat est actuel et sonne juste, à l’heure où la nécessité du scoop provoque de nombreuses polémiques.
La force du cinéma de Will Ferrell, c’est de pointer du doigt des comportements universels sans tomber dans la satire amère. A l’instar de Very Bad Cops ou Ricky Bobby, Légendes vivantes est un long métrage généreux. Généreux pour le spectateur, toujours aussi surpris par l’enchaînement des dialogues invraisemblables et la bizarrerie de certaines situations. Jamais nous n’aurions pensé croiser Ferrell et sa bande en compagnie de Liam Neeson, Kanye West, Will Smith, Marion Cotillard et bien d’autres pour une bataille aux armes multiples dans les rues de New York. Le fait de réunir des artistes aux univers aussi variés et souvent moqués prouve à quel point le comique sait faire preuve d’empathie envers les victimes de ses railleries. La culture MTV et son amour pour les Dojitos, Ferrell les assume totalement. C’est pour cette raison qu’il ne blâme jamais ceux qu’il critique. Ses larges influences en font l’un des rares comiques imprévisibles. A chaque nouveau film, l’artiste fait preuve d’une inventivité hallucinante. Il réussit à allier ses bons sentiments à ses inénarrables vannes tout en développant un récit toujours cohérent.
Dans Légendes vivantes, Harrison Ford se révèle bien plus badass que dans Expendables 3 et l’histoire d’amour entre les magnifiques idiots Kristen Wiig et Steve Carell est plus touchante que la plupart des récentes comédies romantiques américaines. Ce mélange des genres et cette liberté de ton font de la filmographie de Will Ferrell la plus belle résistance à la bien-pensance du pays de l’Oncle Sam. Dommage que l’auteur n’ait pas droit à une sortie cinéma en France, car Légendes vivantes représente la proposition humoristique la plus ambitieuse, la plus drôle et la moins consensuelle de 2014.