Les Animaux Fantastiques ouvre une nouvelle porte au cinéma à l’univers conséquent imaginé par J.K. Rowling. 15 ans après Harry Potter à l’école des sorciers et 5 ans après le dernier épisode de la saga, le long métrage nous emmène dans une époque différente et sur un continent bien éloigné des mystérieux couloirs de Poudlard.
Si l’on entend les fameuses notes créées par John Williams lors de l’apparition du logo Warner, elles s’estompent rapidement au profit d’un tout nouveau thème cette fois-ci concocté par James Newton Howard. L’idée n’est donc pas à la nostalgie ni à la reprise des éléments principaux. Les clins d’œil sont nombreux, les fans sauront les reconnaître mais les néophytes peuvent tout à fait voir Les Animaux Fantastiques sans se soucier de la compréhension d’une intrigue accessible.
Pour la première fois scénariste d’une adaptation cinématographique de l’un de ses ouvrages, J.K. Rowling trouve à ce niveau le bon équilibre entre construction d’arcs narratifs inédits et retrouvailles avec des formules, des créatures et des noms célèbres que l’on découvre sous un autre angle. Les trajectoires des personnages ainsi que leur expérience dans la magie diffèrent énormément de celles des héros de la saga Harry Potter. Nous pénétrons davantage dans les coulisses politiques du monde des sorciers présenté avec plus de maturité, en plus de la course contre la montre de Norbert Dragonneau pour rattraper ses animaux égarés.
Si l’on ressort avec un attachement certain pour ce dernier et ses partenaires, la mise en place des Animaux Fantastiques se révèle néanmoins laborieuse. Les images de Yates sont belles malgré un ton toujours impersonnel et parviennent à nous immerger dans un scénario dont la maîtrise se ressent nettement mieux dans la deuxième partie.
David Yates n’a pas le potentiel créatif d’Alfonso Cuarón, réalisateur du Prisonnier d’Azkaban. C’est dommage car certaines créatures permettaient de jouer sur l’invisibilité ou la vitesse mais Yates se contente de plans répétitifs à la première personne et de séquences où la distance entre les péripéties et le spectateur n’est jamais brisée.
On est tout de même bluffés par la reconstitution du New York des années 20 et le final qui préfère la sobriété à la destruction massive indigeste. Les explications les plus intéressantes sont données par des personnages clés mis en avant trop tard et qui auraient gagné en profondeur si leurs motivations politiques avaient été dévoilées progressivement. La volonté de miser sur l’effet de surprise casse l’évolution de certains protagonistes à l’image de ceux campés par les excellents Colin Farrell et Ezra Miller mais également de sous-intrigues finalement anodines comme celle menée par Jon Voight, qui n’évoque qu’en demi-teinte la menace des sorciers sur une société puritaine.
Malgré une incapacité à retranscrire pleinement à l’écran le potentiel émotionnel du script, David Yates prend le temps de nous emmener au fond de l’immense valise de Norbert. C’est là que l’on peut découvrir toute la sensibilité d’un Dragonneau incarné à merveille par Eddie Redmayne, dont la gestuelle impressionne, ainsi que les parcours touchants de ses compères interprétés par Katherine Waterston, Dan Fogler et Alison Sudol. Le long métrage se suffit à lui-même mais l’envie de les revoir est présente malgré un développement cafouilleux qui n’altère que partiellement le plaisir éprouvé.