L’année 2014 commence bien. Nous avons déjà eu la chance de découvrir le joli La vie rêvée de Walter Mitty et l’attente de 12 years a slave et American Hustle est rude. Dans cette période de course aux Oscars, on a l’impression que le cinéma américain se porte à merveille. En attendant ces deux favoris, on s’est tourné vers Les brasiers de la colère, une oeuvre classique qui ramène aux fondamentaux du cinéma américain à travers les thèmes abordés et la réalisation de Scott Cooper.
Lorsqu’il apprend que son frère Rodney est endetté, Russell décide de rembourser John Petty, organisateur de combats de boxe clandestins. Mais un accident survient dans la vie de Russell et il est condamné à une peine de prison. Une fois sa peine purgée, il découvre que Rodney est devenu le partenaire de Petty. Un soir de combat, Rodney disparaît. Russell se lance à sa recherche.
Il y a énormément d’influences dans le cinéma de Scott Cooper. Avec son paysage rural, sa présentation d’une Amérique ouvrière, le traumatisme de la guerre et la loyauté entre les deux personnages principaux, Les brasiers de la colère rappelle énormément la sublime fresque de Michael Cimino, Voyage au bout de l’enfer.
Comme dans Crazy Heart, Cooper s’intéresse aux hommes de l’autre Amérique, ceux qui ont oublié d’être touchés par le rêve qui caractérise leur pays. Le réalisateur et scénariste aime ces personnages et les rend magnifiques comme l’ont fait avant lui les frères Coen dans Fargo ou Arizona Junior ou Terrence Malick avec La balade sauvage.
Cooper prend la relève de ces génies et des légendes du cinéma classique américain et fait partie, au même titre que Jeff Nichols (Mud) et David Lowery (Les amants du Texas), de cette nouvelle génération qui s’intéresse à l’Amérique oubliée. Sans jamais être démago ou complaisant, il développe des personnages fascinants autour d’une intrigue criminelle qui n’a certes rien d’original mais qui fonctionne à merveille. Si la fraternité dans le milieu criminel a souvent été abordée (La nuit nous appartient), il s’agit d’un thème avec de nombreuses possibilités d’interprétations. La force de Cooper est d’avoir réussi un film brutal et tragique, sans happy end inutile et autre rédemption obligatoire.
L’autre gros point fort de l’oeuvre, c’est sa brochette d’individus qui ont tous leur importance et leurs moments forts. Cooper a réuni de vraies gueules, à commencer par Christian Bale et Casey Affleck qui livrent des performances sidérantes de justesse. Bale trouve ici l’un de ses rôles les plus complexes, celui d’un homme calme mais obstiné qui se laisse très rarement dépassé et assume chaque décision. Affleck, désespéré et perdu, rappelle beaucoup le Christopher Walken de Voyage au bout de l’enfer. Ils sont entourés par des seconds rôles prestigieux, à l’image de Woody Harrelson, toujours parfait en sociopathe et Sam Shepard, taulier qu’il aurait été bizarre de ne pas voir au casting.
Avec sa réalisation sobre, posée et son atmosphère sombre, Les brasiers de la colère est une véritable réussite qu’il ne faut pas réduire à ses grandes lignes qui paraissent banales et téléphonées. A voir aussi pour les prestations bouleversantes des deux comédiens principaux qui assurent parfaitement la succession des monstres du Nouvel Hollywood.
J’ai trouvé ce film un peu trop classique pour ma part. Cela ne remet pas en cause la belle perf de Bale et Affleck qui ne cessera de me surprendre film après film.