Il fallait s’attendre à voir les minions prendre leur envol au cinéma. Les acolytes de Gru révélés dans Moi, moche et méchant ont conquis la planète et se sont vendus à travers des milliers de peluche, slips pour enfants et autres produits inventifs. Pour exploiter le filon, Universal a opté pour un spin off afin de nous raconter l’histoire de ces mystérieuses créatures.
Pour limiter les personnages et provoquer l’attachement, nous suivons le parcours de trois minions à la recherche d’un super vilain qui pourrait remotiver et sauver leur peuple en manque de tyrannie. L’idée est loin d’être originale, mais le fait de voir les bestioles adorer la méchanceté laisse place à de nombreuses situations vraiment drôles. On pense à la longue introduction qui nous révèle l’origine anecdotique d’un peuple stupide auquel les pires créatures n’auront pas survécu. Présenter les minions à travers des périodes charnières de l’Histoire permet d’offrir d’emblée plusieurs niveaux de lecture et de pousser l’absurdité à son paroxysme. Le traitement est expédié mais donne un rythme au film qui ne faiblira pas, à l’inverse d’un scénario qui ne réserve pas beaucoup de surprises.
Arrivés dans les années 60, Kevin, Stuart et Bob se pavanent dans les rues d’un New York très chic, tombent amoureux des bouches d’incendie et se perdent dans un immense centre commercial avant de s’envoler pour l’Angleterre. A travers une succession de sketchs, les réalisateurs Kyle Balda et Pierre Coffin, créateur des monstres, relaient l’intrigue principal au second plan afin de mettre en avant la connerie des minions, élément phare et argument de vente de l’œuvre. Ce qui ne constituait que de brefs interludes dans Moi, moche et méchant devient le moteur des Minions. Le schéma s’inverse et si l’on est quelque fois rappelés à suivre le récit, on regarde surtout le long métrage en attendant la moindre onomatopée susceptible de nous faire rire.
En ce sens, les réalisateurs choisissent, comme il fallait s’y attendre, la facilité et privilégient le gag avant tout. Tout cela est entièrement assumé et la présence de stars comme Sandra Bullock ou Marion Cotillard au doublage est finalement dérisoire et ajoute du cachet à l’entreprise.
Difficile de réaliser un long métrage où les personnages ne savent pas parler, du moins pas un langage compréhensible, et Les Minions n’atteint jamais la force comique et la créativité de Shaun le mouton sorti en début d’année. Il n’en reste pas moins un film dynamique qui surpasse nos maigres attentes. S’il est calibré et ne sort en aucun cas du lot, Les Minions réussit néanmoins à faire intelligemment le lien avec Moi, moche et méchant et n’amène pas vers une suite. En constatant le carton prévisible de l’œuvre, on peine à penser qu’Universal se limitera à un seul opus mais ce coup d’essai se suffit à lui-même.