Critique : Locke – Bad Times

Affiche du film Locke de Steven Knight sur laquelle nous voyons Tom Hardyau volant de sa voiture dans la nuit.

Après Under The Skin, c’est à un nouveau film au concept singulier que nous nous intéressons et qui s’avère être l’une des sorties les plus intéressantes de la semaine. Il s’agit de Locke, deuxième long métrage de Steven Knight, à qui l’on doit le mauvais Crazy Joe. Si l’on s’est tourné vers ce drame très réussi, ce n’est pas pour son metteur en scène mais son comédien, Tom Hardy, qui confirme une nouvelle fois qu’il est le meilleur acteur de sa génération. Il interprète Ivan Locke, un anti-héros qui, enfermé dans sa voiture pour un long trajet, va connaître une fin de journée bouleversante.

Les derniers huis clos dignes de ce nom étaient le poétique The We and The I et l’étouffant Buried. Comme dans le premier, Locke nous immerge dans un véhicule en mouvement, mais ici le cadre extérieur n’a pas énormément d’importance, à l’inverse de la ville de New York que traversait le bus de Gondry. Comme le deuxième, le long métrage de Knight se déroule en temps réel et nous présente un héros solitaire bloqué au téléphone.

Contrairement à Buried, Locke est quasiment exempt de suspense et opte pour une intrigue anti-spectaculaire. Il n’en demeure pas moins passionnant car les enjeux sont brillamment amenés à travers les conversations téléphoniques qui retranscrivent parfaitement les réactions des interlocuteurs, partagés entre peur, désespoir et déception.

Photo de Tom Hardy se regardant dans le rétroviseur dans le film Locke.

Tout en sobriété, Hardy contient sa rage, qui ne sera dévoilée que lors de brefs monologues durant lesquels le comédien est habité, pour tenter de recoller les morceaux d’une vie qui s’effondre. Statique, il réussit néanmoins à tenir en haleine le public sans problème. L’exercice est extrêmement difficile, d’autant plus lorsque l’on joue le rôle d’un homme ordinaire traversant une épreuve hors du commun mais totalement plausible.

Le regard meurtri, l’acteur est bouleversant lorsqu’il comprend que le pardon sera impossible à trouver. Obligé de payer pour son honnêteté, Locke a commis une erreur et va devoir en assumer les conséquences. Hardy a lui-même connu une traversée du désert dans le passé et c’est probablement ce qui rend sa prestation criante de vérité. Dans la scène finale, aucun mot n’est nécessaire de sa part et l’on ne peut qu’être terrassé par sa sincérité.

On aurait aimé que la mise en scène soit plus ambitieuse, car même si l’on ressent l’étouffement que provoque l’enfermement dans le véhicule et la monotonie de l’autoroute, jamais l’oeuvre ne nous surprend dans ses plans ou son montage. Steven Knight a clairement remporté son pari grâce à ses talents de scénariste et de directeur d’acteurs. Il manque seulement au film une touche personnelle dans la réalisation pour emporter totalement l’adhésion.

Locke est un drame à échelle humaine puissant. Grâce à la finesse de son écriture et surtout à son interprète, Steven Knight réussit à transcender un sujet consensuel et à captiver le spectateur. En attendant de le retrouver dans The Drop et surtout Mad Max : Fury Road, Tom Hardy nous rappelle que, peu importe la qualité des œuvres auxquelles il participe, il saura toujours leur donner un véritable intérêt.

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