Critique : Lucy – Le mépris

Affiche du film Lucy de Luc Besson. Nous y voyons le visage en noir et blanc de Scarlett Johansson face à l'objectif.

Avec ses deux millions d’entrées au compteur en une semaine d’exploitation, Lucy est bien parti pour être le gros carton de l’été avec Les Gardiens de la Galaxie. On a lu un peu partout que le long métrage de Besson était intelligent, inventif et ultra rythmé. Si l’on ne peut pas nier la dernière partie de cette phrase, on est obligé de revenir sur les deux premières affirmations car le postulat de départ de Lucy est faux et le résultat n’est qu’un condensé de références envoyées sans logique avec un traitement narratif proche de celui d’un nanar.

Quand on lit la note d’intention du réalisateur, qui dit que le film est découpé en trois parties qui seront respectivement dans l’esprit de Léon, Inception et 2001, L’odyssée de l’espace, on n’y croit pas tellement, voire pas du tout. Malgré tout, ce message ne pouvait qu’attiser notre curiosité et l’on a voulu comprendre où Besson voulait en venir. Et lorsque le générique est apparu, nous étions toujours en train de nous demander.

Tout n’est pas à jeter dans l’histoire de cette jeune femme qui se retrouve à faire la mule pour des gangsters coréens. Quand le sachet qu’elle transporte dans son estomac se perce, l’héroïne incarnée par Scarlett Johansson, qui croit dur comme fer en son rôle, va voir ses capacités intellectuelles augmenter considérablement. L’introduction est assez tendue et Choi Min Sik, le héros de Old Boy, est toujours aussi effrayant. Malheureusement, dès que l’étrange poudre bleue transforme Lucy, les choses se gâtent.

Le long métrage n’est qu’une suite de courses poursuites dans la plus pure tradition Europacorp. Entre toutes ces bastons, l’oeuvre est ponctuée de discours explicatifs d’un Morgan Freeman sous-exploité, qui joue une nouvelle fois les sages conseillers. Pour nous dévoiler son propos sur la transmission du savoir et la déshumanisation de ce personnage sur-évolué, Besson utilise des procédés de mise en scène grossiers.

Photo de Scarlett Johansson dans le film Lucy de Luc Besson. L'actrice visse un chargeur sur une arme à l'arrière d'une voiture.

Entre les images d’archives piquées à des documentaires scientifiques et animaliers et la présentation de la perception de Lucy, qui fait penser à un Matrix croisé avec Limitless, les effets cheaps envahissent constamment l’écran. Au final, Lucy est une œuvre laide qui s’apparente plus à une série B bas du front qu’aux modèles cités précédemment. Traversé par quelques fulgurances, le long métrage délaisse son message au profit de scènes d’action sans originalité. Besson multiplie les incohérences, notamment lorsque Lucy comprend que les gangsters viennent à elle dans la scène finale alors qu’elle était incapable de cerner leur présence dans la séquence précédente. Même s’ils ont 20 et 24 ans de plus, Léon et Nikita paraîtront toujours plus modernes que Lucy, produit aussi périmé que Malavita. Les deux films démontrent parfaitement la boulimie d’un Luc Besson qui enchaîne à toute vitesse au lieu de prendre son temps et d’installer une ambiance. Elle nous paraît loin, l’introduction de Léon et le développement de la relation entre ce dernier et Mathilda.

Véritable Colombiana sous acide, Lucy veut à la fois être un actionner efficace, un thriller aux réflexions métaphysiques poussées et une série B badass qui frôle souvent le film de super-héros. Au final, on ne trouve que du vide et l’on sort avec la sensation d’une oeuvre qui, à vouloir toucher à tout, n’aboutit à rien. On préfère que Besson continue à produire des artistes comme Tommy Lee Jones (The Homesman) qui, s’ils n’ont pas changé, ont néanmoins contribué à l’évolution de leur genre de prédilection.

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1 réponse à Critique : Lucy – Le mépris

  1. RecBillyLo dit :

    Très bonne critique ! Un film mauvais tout simplement.

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