Critique : Ma meilleure amie, sa soeur et moi – La maison du lac

Affiche américaine de Ma meilleure amie, sa soeur et moi de Lynn Shelton. Les trois amis sont sur une table au bord d'un lac, boivent un verre et se regardent en souriant.

Enième comédie indépendante douce amère passée par les festivals de Sundance, Toronto et Deauville, Ma meilleure amie, sa sœur et moi est une œuvre discrète qui évite habilement les écueils du genre.

Tourné rapidement et reposant en majorité sur l’improvisation de ses trois comédiens, le film de Lynn Shelton traite des limites entre l’amitié et l’amour et des trahisons familiales. Comme de nombreuses autres productions du genre, Ma meilleure amie, sa sœur et moi est pour les critiques créditées sur l’affiche un véritable vent de fraicheur et une merveille de tendresse et d’ironie.

Il est donc devenu difficile de trouver de la singularité dans les comédies indépendantes américaines, qui peinent à se vendre en France. Celle de Ma meilleure amie, sa sœur et moi se trouve dans la personnalité de Lynn Shelton, réalisatrice et scénariste à qui l’on doit Humpday et le récent Laggies avec Keira Knightley, tristement rebaptisé Girls Only dans l’Hexagone. L’amitié, la sexualité, la maturité et les travers qu’ils engendrent sont au cœur de la filmographie de Lynn Shelton.

Pour aborder ses questions existentielles dans Ma meilleure amie, sa sœur et moi, Lynn Shelton abandonne le côté subversif de Humpday. En se basant essentiellement sur l’improvisation de ses trois acteurs, Shelton met de côté le message du film pour se concentrer sur les réactions de ses personnages. Dès l’ouverture où Mark Duplass démonte le point de vue d’un ami de son frère décédé venu faire un éloge pour se faire mousser, les dialogues et les comportements sonnent justes.

Photo d'Emily Blunt et Rosemary Dewitt dans Ma meilleure amie, sa soeur et moi de Lynn Shelton. Les deux soeurs dans le film sont allongées dans un lit et se regardent en souriant. La photo est prise de haut.

Pour fuir sa dépression, Duplass suit les conseils de sa meilleure amie interprétée par Emily Blunt et part se ressourcer dans le chalet familial de cette dernière. Le point de départ de l’histoire est basique et n’est qu’un prétexte à un enchaînement de séquences où les comédiens se livrent et se surprennent tour à tour. Evidemment, le propos tolérant de Shelton n’est jamais oublié mais il semble n’être qu’un fil conducteur pour des acteurs qui vivent les péripéties imaginées par la réalisatrice mais qui n’ont pas été détaillées dans le scénario.

La fuite constante de Duplass face aux événements, le calme de Rosemarie Dewitt et la bonne humeur d’Emily Blunt s’accordent parfaitement et jamais le ton ne sonne faux. C’est le reproche que l’on peut faire aux Petits Mouchoirs, où les séquences dramatiques étaient très appuyées. Ici, pas de justification ou de leçons de morale mais des révélations amenées avec simplicité et vécues avec une grande empathie. Dans le fond, on a déjà vu ailleurs chaque élément de Ma meilleure amie, sa sœur et moi mais la complicité du trio et l’affection qu’ils dégagent les rendent attachants.

Shelton laisse évoluer ses comédiens et les met en valeur à travers les plans formels mais soignés dans le chalet ou au bord d’un lac. On a l’impression que la réalisatrice observe ses acteurs et cela donne au film une certaine harmonie. Quand Duplass explose ou lorsque les deux sœurs discutent dans un lit, ils prennent le temps et vont au bout de leurs réactions. Cette volonté de conclure chaque péripétie ou chaque dialogue comme un chapitre font le charme de Ma meilleure amie, sa sœur et moi, un feel good movie qui remplit amplement son objectif.

 

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