Critique : Mondwest – Destination Finale

Affiche de Mondwest sur laquelle nous voyons le cowboy robot incarné par Yul Brynner, les seconds rôles ainsi qu'une salle informatique qui laisse présager qu'il s'agit d'un film de science-fiction.

Mondwest est le premier film en tant que réalisateur de l’écrivain Michael Crichton, créateur de Jurassic Park et du Treizième Guerrier. Cette œuvre d’anticipation inspira le grand James Cameron pour Terminator et reste par ailleurs le meilleur long métrage de Crichton. Visionnaire, l’auteur nous emmène dans un futur proche dans lequel les plus riches peuvent s’offrir le luxe de remonter dans le temps grâce à des vacances dans un parc d’attraction peu ordinaire.

Ce séjour hors du commun permet à ses clients de découvrir trois périodes historiques charnières : l’Empire Romain, le Moyen-Âge et la conquête de l’Ouest. Les clients peuvent donc libérer leurs pulsions et laisser parler leur hédonisme ou leur esprit conquérant, qu’ils sont forcés de réfréner dans leur vie quotidienne. Deux amis ayant choisi Mondwest, ville de cowboys sanguinaires, vont rapidement se rendre compte que cette parfaite reconstitution est plus dangereuse qu’elle n’y paraît. Que se passerait-il si les robots créés pour divertir en venaient à se rebeller et à prendre le contrôle du parc ?

A une époque où l’on ne cesse de créer des échappatoires à la réalité et où les vacances dans l’espace sont envisageables pour « les plus chanceux d’entre nous », Mondwest paraît dépassé. Pourtant, ce film de genre reste malgré son esthétique assez kitsch un sommet qui pose une question chère à Philip K. Dick : que ferions-nous si les machines s’emparaient du pouvoir ?

Photo de Yul Brynner dans Westworld. Vêtu de noir, le cowboy se tient prêt à dégainer dans une vieille rue déserte.

Si Crichton s’intéresse à l’une des thématiques les plus fascinantes de la science-fiction, il réalise un divertissement qui se rapproche plutôt du western. En développant son intrigue dans Mondwest, il s’intéresse à un genre alors en pleine mutation. Au début des années 70, la période classique du western touche à sa fin et certains cinéastes à leur apogée tels que Sergio Leone (Il était une fois dans l’Ouest) et Sam Peckinpah (La Horde Sauvage) dépoussièrent le genre avec un œil neuf et désabusé. On retrouve d’ailleurs dans Mondwest une violence et une cruauté proches de celles des œuvres de ces cinéastes. Evidemment, la mélancolie de Peckinpah est totalement absente, au même titre que l’aspect contemplatif de Leone.

L’un des nombreux points forts de Mondwest, c’est évidemment Yul Brynner. La star des 7 Mercenaires interprète le robot à l’origine de la révolte. Le comédien au regard perçant et à la démarche assurée est parfait. Imperturbable, extrêmement froid et indestructible, il ferait presque passer le Schwarzenegger du premier Terminator pour un enfant de chœur. Il éclipse sans difficulté la tête d’affiche, Richard Benjamin, qui peine à convaincre dans le rôle de l’homme ordinaire rattrapé par la réalité. On aurait préféré que son partenaire à l’écran James Brolin (Amityville), papa de Josh, écope du rôle principal.

Série B efficace, intelligente et bourrée d’action, Mondwest est une œuvre courte et directe qui lance le spectateur dans un futur désagréable et finalement assez proche du nôtre. A l’heure où les cinéastes prennent le temps de développer leurs réflexions sur la condition humaine à travers la peinture d’un monde post-apocalyptique (La route, The Rover), il est bon de revoir une œuvre qui utilise le futur pour critiquer les problèmes de sa société, à l’image des films de John Carpenter (Invasion Los Angeles) ou Richard Fleischer (Soleil Vert). Malgré son air daté et quelques soucis d’interprétation, Mondwest fait partie de ces références oubliées mais fondamentales.

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