Chris Wolff est un expert comptable de génie. Atteint du syndrome d’Asperger, il fait preuve d’une maîtrise hallucinante des chiffres. Recruté pour revoir les comptes d’une multinationale, Chris découvre un scandale et se retrouve avec de mystérieux hommes à ses trousses. Le comptable exemplaire saura leur répondre avec une véritable férocité car les talents de Mr. Wolff dépassent largement les mathématiques.
Après Warrior, drame centré sur deux frères évoluant dans le milieu de la MMA, Gavin O’Connor revient avec un thriller fourre-tout mais charmant. Hommage aux films des 90’s classiques mais misant tout sur leur efficacité à l’image du Fugitif, Mr Wolff est une œuvre qui ne délaisse jamais ses personnages au profit de l’action.
Après une introduction qui dévoile un héros invisible mais redoutable, le long métrage alterne les traditionnels flashbacks d’enfance et le quotidien apparemment monotone de Wolff. Le procédé est ordinaire mais l’on prend le temps de s’attacher à ce héros. Une nouvelle fois après The Town, Argo, A la merveille et Gone Girl, Ben Affleck est d’une sobriété impériale. Rendre crédible cet homme qui a appris à maîtriser son autisme et est devenu un tueur impitoyable était un exercice difficile. Si l’on ne doute jamais de ses intentions malgré l’enquête de deux agents du FBI sur son compte, on savoure ses échanges avec les autres protagonistes et notamment celui incarné par Anna Kendrick.
Comme dans ses précédents films, Gavin O’Connor accorde une importance particulière aux relations familiales. Christian Wolff a grandi auprès d’un père militaire utilisant des méthodes radicales pour le faire surmonter son isolement social et d’un frère qui n’a cessé de le soutenir. Ces rapports offrent des séquences intéressantes qui en révèlent beaucoup et font passer l’intrigue financière et les agissements meurtriers de Wolff au second plan. Le long métrage frôle parfois la caricature mais la présence de Ben Affleck efface les passages risibles, à l’inverse de sa prestation dans Daredevil.
Gavin O’Connor tient un personnage profondément complexe qui avance dans une histoire n’égalant jamais ses capacités intellectuelles. Le spectateur sait que le comptable saura démanteler un scandale financier impliquant multinationales et organisations criminelles colossales. De ce côté, le premier degré est de rigueur alors que les rebondissements sont très classiques. Le spectateur attend tranquillement le défouloir de Mr Wolff bien plus appréciable malgré une mise en scène extrêmement formelle.
Le décalage entre le poids du passé de Wolff, les séquences sérieuses de calculs où l’on écrit des équations sur des murs vitrés et les scènes d’action jonglant entre ironie et brutalité fait de Mr Wolff une œuvre plaisante mais déséquilibrée. On reste néanmoins captivés par les agissements du comptable, la maîtrise de ses émotions et sa capacité à se montrer impitoyable lors des meurtres.
Gavin O’Connor se perd parfois dans des sous-intrigues où l’on sent son envie de développer ses protagonistes secondaires. Certaines révélations sont expédiées dans un dernier tiers où tous les éléments se recoupent de façon anecdotique, à l’image de la confrontation finale entre trois personnages phares.
S’ils sont interprétés par d’excellents comédiens (John Lithgow, Jeffrey Tambor), les individus gravitant autour de Wolff restent en retrait malgré leurs nombreuses apparitions. Tout ce qu’on retient de Mr Wolff, au-delà de ses sujets graves traités maladroitement, c’est la présence d’un Ben Affleck définitivement à l’aise dans tous les registres.