Si l’on s’en tient à l’affiche, New York Melody a tout pour faire fuir. Le titre original, Begin Again, est le même que celui d’une chanson de Taylor Swift. Pour un long métrage centré sur la musique, il s’agit d’un gros point faible. Avec ses couleurs, ses personnages souriants et son côté faussement vintage, le poster nous laissait penser que John Carney n’avait rien d’autre de mieux à nous offrir qu’une énième comédie estampillée « Sundance » pour son premier déplacement aux Etats Unis.
Si ce feel-good movie est clairement en dessous de Once, ballade irlandaise qui révéla le réalisateur, il reste néanmoins plaisant grâce à son duo charmant qui réussit à nous faire oublier les lacunes de l’oeuvre. Mark Ruffalo incarne un producteur à la ramasse qui cherche à retrouver sa gloire d’antan en révélant l’artiste qui changera la donne, qu’il trouvera en la personne de Keira Knightley.
Le comédien nous propose une composition semblable à celle de The Kids are all right, qui pouvait rebuter pour les mêmes raisons que New York Melody. Keira Knightley apporte quant à elle la fraîcheur nécessaire à cette artiste préférant la sincérité à la notoriété. Le couple nous offre de jolis moments dans les rues de New York. Carney réussit à nous attacher à eux grâce à un procédé narratif qui nous présente les personnages à travers des flashbacks amenant à leur rencontre. Rien d’original mais la recette fonctionne.
Le problème du film, c’est la musique. Mis à part une séquence qui a dû faire rêver de nombreux spectateurs durant laquelle le duo parcourt la Grosse Pomme en écoutant des standards, les autres passages musicaux ont eu beaucoup de mal à nous transporter. Le personnage de Keira Knightley parle souvent d’authenticité mais ce propos est contredit par la présence au générique d’Adam Levine et CeeLo Green, deux jurys de la version américaine de The Voice.
A ce niveau, New York Melody n’assume pas son message et la plupart des morceaux présentés font plus penser au dernier album de Maroon 5 qu’à Bob Dylan, idole cité à l’excès et finalement dénaturé. Là où les personnages d’Inside Llewyn Davis, de Once ou de New York New York vivaient pour leur art jusqu’à en délaisser leur propre personne, les protagonistes font ici de la musique pour vivre. La différence, c’est qu’on obtient de la soupe. Malgré toutes ses qualités, New York Melody est plombé par ses bons sentiments et son intrigue romantique qui effacent toute l’importance de la musique, reléguée au second plan.
Au final, New York Melody est un feel-good movie commun, porté par deux comédiens au capital sympathie énorme. On retiendra quelques séquences réussies dont celle où Mark Ruffalo imagine une composition pour sa muse. Malheureusement, on aurait apprécié ressentir une âme musicale dans le long métrage, au lieu de cette playlist que l’on aura déjà effacé à la fin de l’été.
J’ai bien aimé ce film avec du recul. Comme je le présente souvent à mon entourage c’est le remake de Once avec du fric. On retrouve pas mal d’éléments de son prédécesseur : la fille qui soigne son chagrin dans la musique, le songwriter perdu, l’ambiguïté amoureuse, les bons potes de la rue prêts à enregistrer la première maquette venue.
Il manque simplement comme vous le dites si bien de bonnes chansons. Là où Glen Hansard frappait juste, Adam Levine fait juste mal.
Heureusement que quelques scènes rappellent le génie du réalisateur (l’accompagnement instru de Keira ou le partage de balladeur) et une grosse perf de Ruffalo décidément trop méconnu du grand public.