Critique : Papa ou Maman – Dumb and Dumber

Affiche de Papa ou Maman sur laquelle Marina Foïs et Laurent Lafitte se chamaillent avec leurs enfants.

Après la petite déception que représentait Toute première fois, comédie qui malgré son efficacité s’avérait très conventionnelle, on attendait avec Papa ou Maman un regain de méchanceté d’un genre qui peine à nous captiver. Miracle, nous avons retrouvé avec ce film un ton irrévérencieux rare et une narration dynamique mettant de côté les running gag foireux au profit de situations cinglantes et agressives.

Difficile de penser qu’une comédie française sur le divorce réussisse à se détacher de la barrière politiquement correcte qui cloisonne la plupart des potentiels « après Bienvenue chez les ch’tis et Intouchables ». Pourtant, dès l’ouverture, Papa ou Maman affiche ses influences et ses intentions. Au lieu de débuter son film avec une scène de rencontre classique, Martin Bourboulon dévoile d’emblée le caractère de ces deux gosses qui vont pendant près d’une heure et demie tout faire pour fuir leurs responsabilités. Singulière et romantique, cette introduction laisse présager de jolis moments de gaminerie assumés.

Avant d’arriver au déchaînement qui s’avère relativement équilibré, Bourboulon prend le temps d’amener le point de rupture de ces deux parents pour qui le divorce devait être une étape positive. Les crasses vont ensuite crescendo et si l’on y croit à chaque fois, c’est parce que les deux comédiens principaux n’ont jamais honte ni peur de légèrement heurter la famille unie venue savourer un gentil divertissement.

Photo de Laurent Lafitte et Marina Foïs dans le film Papa ou Maman. Les deux comédiens discutent et rient ensemble face à d'autres personnes.

Une grande partie de la réussite de Papa ou Maman est dûe au talent de ses deux acteurs. Marina Foïs et Laurent Lafitte débitent leurs punchlines avec une énergie folle et l’on arrive à les trouver justes et vrais même lors des situations les plus invraisemblables. Si le scénario n’est pas toujours cohérent et que certains raccourcis sont pris notamment sur la fin, le long métrage ne perd jamais en intensité. On trouve certains des passages les plus hargneux vus depuis très longtemps dans une œuvre de cet acabit. Evidemment, Papa ou Maman n’est pas aussi féroce que L’honneur des Prizzi ou La guerre des Rose, mais l’on prend nettement plus de plaisir lorsque Marina Foïs empoisonne ses gosses que lorsque Dany Boon fait part à Kad Merad de ses angoisses existentielles. A certains moments, on aurait presque envie de secouer ces parents enfermés dans leur spirale. Au lieu d’être gênés par le manque d’audace, nous le sommes à cause de l’attitude détachée des ces éternels adolescents. Et c’est en cela que le film est une réussite.

Il est rare de voir des auteurs afficher aussi fièrement leur amour pour les comédies américaines que l’on réduit généralement au rang de pantalonnades vulgaires et dénuées de sens. Si le long métrage n’a pas le potentiel émotionnel de This is 40, il révèle néanmoins certaines frustrations des quarantenaires sans poser de jugement ou de solution bienpensante. La conclusion n’expose pas le modèle de vie rangée auquel nous sommes habitués et nous laisse dans une légère incertitude quant à la vie bordélique mais joyeuse de cette famille.

Les scénaristes Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte font mieux que le faussement provocateur Le Prénom et prouvent que l’humour potache de qualité existe toujours dans les comédies populaires hexagonales. On a tendance à confondre connerie et débilité au cinéma. On est heureux de voir que cette équipe a su remettre en avant les valeurs de la première.

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