Maureen gère la garde-robe d’une célébrité qui vit à Paris. Elle déteste son travail mais reste dans la ville en attendant un signe de Lewis, son frère jumeau décédé suite à une crise cardiaque.
Après la déclaration d’amour à ses actrices que représentait le très bon Sils Maria, Olivier Assayas fait le portrait d’une héroïne qu’il affectionne tout autant dans Personal Shopper. Il retrouve Kristen Stewart, à nouveau sublimée dans ce film de fantômes touchant et inquiétant.
Maureen parcourt Paris dans les transports ou en scooter mais l’indifférence qu’elle semble porter à la ville est totale. Olivier Assayas met Kristen Stewart au centre de tous ses plans et nous immerge dans sa recherche d’un signe. Les vidéos sur Victor Hugo et le spiritisme ou les peintures d’Hilma Af Klint que Maureen regarde avec un intérêt total, le spectateur y porte lui aussi énormément d’attention.
Au-delà du rejet de Maureen pour le vide et le matérialisme dans lequel elle vit, c’est son isolement au milieu du flux parisien et son obstination qui sont passionnants à découvrir. Au lieu d’effleurer le film de genre comme pouvait le faire avec brio Guillaume Nicloux dans Valley of Love, Personal Shopper n’hésite pas à laisser ses spectres apparaître dès la première partie et brise rapidement les interrogations sur la personnalité de Maureen.
La venue de Lewis est nécessaire pour que l’héroïne puisse accepter sa mort. Alors qu’elle ne parle quasiment pas de sa relation avec son frère, son attente acharnée dévoile la puissance de leur lien. Le contact avec les défunts, Maureen sait comment le provoquer. Durant ses interactions avec les fantômes, on a hâte de savoir si Maureen s’adresse à Lewis et reçoit ainsi le message tant espéré.
En quelques scènes, Olivier Assayas réussit à dépeindre le quotidien urgent mais monotone de Maureen et à expliquer des convictions que l’on accepte immédiatement. Vient ensuite le questionnement sur la manipulation de Maureen par les esprits. Lors des rares échanges avec des personnages secondaires, on se demande s’ils sont morts ou vivants. Ce doute s’accentue lors d’un échange de SMS filmé dans le train, où les simples déplacements nerveux de Kristen Stewart suffisent à créer un moment de tension.
Lors du dernier acte, l’intensité des péripéties retombe après une scène où l’on retrouve l’ambiance d’un Hitchcock ou d’un De Palma. Maureen ne paraît alors plus aussi détachée mais le besoin de retrouver Lewis continue de grandir. A l’image de Maggie Cheung dans Clean ou Asia Argento dans Boarding Gate, Olivier Assayas donne une place centrale à Kristen Stewart jusqu’au dernier plan.
Les éléments qui gravitent autour d’elle dans les dernières minutes font resurgir l’émotion. Durant la conclusion, on se surprend pour la première fois à ne plus avoir nos yeux sur la comédienne mais sur ce qui l’entoure. L’ambiguïté du final symbolise la difficulté à trouver la paix, que le spectateur perçoit grâce à la mise en scène évocatrice d’un cinéaste en grande forme.