Critique : Run all night – Sans identité

Affiche du film Night Run. Nous y voyons New York vue de haut ainsi que les quatre protagonistes principaux incarnés par Liam Neeson, Joel Kinnaman, Common et Ed Harris.

Pour sa troisième collaboration avec le décevant Jaume Collet-Serra après Sans identité et Non Stop, Liam Neeson s’immisce à nouveau dans la peau d’un personnage alcoolique et fumeur de clopes torturé néanmoins toujours partant et réactif lorsqu’il s’agit de décimer gangsters et criminels. Enfermé dans son rôle, l’acteur nous propose régulièrement des rendez-vous dans quelques thrillers appréciables (Balade entre les tombes) mais surtout de médiocres films d’action (Taken 3). Night Run est à la croisée de ces deux produits.

Comme dans Non Stop, Jaume Collet-Serra tente d’imposer un rythme effréné à son spectateur. Après une rapide exposition, le long métrage enchaîne les courses poursuites et scènes d’action. Si le niveau n’est pas aussi bas que celui des deux derniers épisodes de Taken, on retrouve les mêmes cadres tremblants et racoleurs qui caractérisaient les précédentes œuvres du cinéaste. Encore une fois, on ne profite de New York qu’à travers de vulgaires plans aériens accélérés qui nous permettent de suivre les histoires parallèles. Pour le reste, on distingue toujours aussi mal les mouvements de Neeson, pourtant impliqué physiquement.

Collet-Serra tente de se démarquer lors du final à travers plusieurs plans voulus iconiques qui sont malheureusement tous condensés dans la bande-annonce. Cela ne suffit pas à impressionner le public amateur de séries B, qui ne trouvera ici aucune idée particulièrement originale.

Photo de Liam Neeson et Joel Kinnaman dans le film Night Run. Neeson braque son arme sur un ennemi commun dans une rue de New York.

C’est dommage, car à l’inverse de Sans identité et Non Stop, Collet-Serra entoure Neeson de partenaires qui ont de la gueule et pour lesquels on a une certaine affection. On attendait la confrontation entre le héros et Ed Harris, gangster rangé qui devra reprendre les armes suite au meurtre de son fils ingrat et stupide. Durant les premières scènes, nous découvrons un premier face à face entre les deux comédiens qui s’avère touchant. Le réalisateur place un enjeu dramatique déjà utilisé avec bien plus de profondeur (Les sentiers de la perdition) mais toujours aussi efficace lorsqu’il est porté par des comédiens de ce calibre. Des séquences aussi intéressantes, nous en retrouvons deux autres dans le film. La seconde rencontre entre Harris et Neeson est prévisible et manque d’épaisseur mais les deux briscards vivent leur confrontation avec sincérité. La dernière est l’apparition d’un acteur emblématique et marqué, qui n’a plus aucun mal à jouer les irlandais poisseux. Son anecdotique caméo représente probablement la meilleure idée de Night Run.

Night Run possède un pitch alléchant et des comédiens solides qui méritaient bien mieux qu’un yes man réutilisant à chaque nouveau film ses gimmicks habituels qui ne font jamais l’effet escompté. La scène finale durant laquelle Neeson recharge sa Winchester caractérise à merveille ce manque d’identité que l’on cherche à compenser en proposant des plans badass. On regrette que la relation entre Neeson et son fils interprété par le talentueux Joel Kinnaman ne soit pas plus fouillée et ne présente rien d’autre que le refrain du père absent obligé de se racheter. On aurait également aimé que le personnage du tueur à gages du fraîchement oscarisé Common soit plus conséquent et encore plus redoutable.

Comme prévu, Night Run se regarde avec plaisir et s’oublie sans regrets. Vivement que le tournage de Silence de Martin Scorsese se termine pour que l’on puisse retrouver le Liam Neeson d’antan, celui qui n’avait pas besoin de craquer des nuques pour imposer sa présence.

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