27 ans après le deuxième épisode de S.O.S. Fantômes, Paul Feig et ses comédiennes familières du Saturday Night Live se réapproprient l’univers d’une très bonne saga des années 80. Dans ce nouveau pari ambitieux du réalisateur après Spy, les ingrédients qui caractérisent son cinéma se ressentent dès les scènes d’introduction et l’imposent en véritable réussite.
A travers les effets spéciaux colorés et l’atmosphère inquiétante s’effaçant afin d’ouvrir sur une fameuse chanson, l’amateur de la saga retrouve de nombreux signes connus. Rapidement, le titre de Ray Parker Jr. s’arrête et Kristen Wiig apparaît à l’écran. Sa nonchalance et sa maladresse prennent le pas et l’on découvre les quiproquos chers à Feig sous un angle nouveau. L’association du cinéaste et ses comédiennes à S.O.S Fantômes prend alors tout son sens et il en sera ainsi jusqu’au générique de fin.
Feig ne verse jamais dans la nostalgie et établit de nouveaux standards, aidé par quatre excellentes actrices. Comme dans la précédente équipe conduite par Bill Murray, chacune a ses particularités, ses réactions propres face aux spectres et sa manière de faire avancer le groupe. Leur complémentarité est parfaite et l’attachement du spectateur est total. Kate McKinnon enchaîne les théories scientifiques à toute allure avec une aisance folle, la stupéfaction de Leslie Jones est hilarante tout comme la manière que Kristen Wiig a de rationnaliser ou la difficulté de Melissa McCarthy à mener la troupe.
Au fur et à mesure, les personnages évoluent dans une intrigue convenue mais efficace. A chaque séquence, le spectateur ressent le plaisir exprimé dans certains plans iconiques ainsi que dans les dialogues irrévérencieux remplis de références et de jeux mots propres aux styles des comiques. Les caméos volontairement expéditifs dévoilent à merveille la volonté de croire en ce projet largement moqué et d’en faire un blockbuster bien plus personnel qu’il n’y paraît.
En ne mettant jamais en question leur légitimité, les actrices et Feig parviennent à enrichir l’humour instauré par leurs prédécesseurs, eux-aussi membres essentiels du Saturday Night Live. L’importance accordée à de nombreux détails apporte des gags permanents et empêche le film de se limiter au comique de situation. La quatrième de couverture du livre écrit par les protagonistes de Wiig et McCarthy ou l’entretien d’embauche avec Chris Hemsworth, assistant génial, reflètent cette admirable méticulosité.
Les possessions de personnages, le défilé de gigantesques fantômes et les effusions de jets sont toujours présents mais servent des enjeux comiques différents de ceux des premiers volets. En s’affranchissant de certaines attentes, Paul Feig réussit à mettre en scène des situations familières qui paraissent néanmoins nouvelles, à l’image de cette danse initiée par Chris Hemsworth face à une horde de policiers. S.O.S Fantômes marque la formation naturelle d’une équipe interprétée par quatre des meilleures comiques de leur génération. Après le film d’action, Paul Feig explore un nouveau style avec brio et démontre encore une fois l’étendue de son talent.