Après avoir vaincu un légendaire ennemi dans le deuxième épisode, les héros de l’USS Enterprise reprennent du service sous la direction de Justin Lin (Fast & Furious 5), laissant J.J. Abrams à la production. Le réalisateur n’a une nouvelle fois pas fait dans le spectacle léger avec cet opus qui peine à décoller et susciter la moindre émotion.
Star Trek : Sans Limites s’ouvre sur les paroles du capitaine Kirk désormais à l’aise dans son rôle de leader. Ses doutes sur sa place dans ce vaste univers et sa volonté de préserver son équipage sont évoqués dans l’introduction en voix-off. Ils soulignent la solidité d’un héros apaisé et la complémentarité du groupe.
Lorsque Kirk et ses acolytes sont attaqués par un nouvel ennemi incarné par Idris Elba, ces thématiques sont oubliées au profit de scènes d’action réussies visuellement mais jamais surprenantes. La chute de l’Enterprise impressionne mais le spectateur ne sent pas les personnages en danger.
L’équipe est séparée et les membres sont forcés de se baser sur leur confiance mutuelle pour se retrouver et survivre. Alors qu’il nous présentait l’immensité de l’univers vu à travers l’Enterprise dans les premières minutes, Justin Lin confine par la suite ses protagonistes sur une planète qui n’est ni charmante ni particulièrement exploitée dans la mise en scène. Les intentions du méchant charismatique mais prévisible et l’entraide sont mis de côté au profit de séquences téléphonées où les cascades ont beaucoup moins d’ampleur et d’impact que les plans larges du début.
Sans Limites dévoile également l’entrée d’une héroïne attachante dans la saga, Jaylah, rebelle solitaire incarnée par Sofia Boutella (Kingsman). Son habileté peine à être retranscrite dans les séquences paresseuses où Kirk et ses hommes nécessitent son aide. Heureusement, les touches d’humour du scénariste et acteur Simon Pegg se ressentent en permanence, tout comme son amour pour l’univers créé par Gene Rodenberry exprimé au travers de clins d’œil malins.
Justin Lin retrouve un léger souffle épique dans le dernier tiers où l’action se déroule dans une reconstitution particulièrement réussie de Yorktown. Certains personnages jouent avec la gravité dans la meilleure course-poursuite du film et malgré la réalisation formelle de Lin, l’efficacité est au rendez-vous. Le cinéaste revient sur les questions originelles de l’œuvre qui auraient dû torturer Kirk et Spock mais semblent uniquement les avoir effleurés.
La cohérence de l’ouverture fait son retour mais l’on regrette que les épreuves ne soient pas plus éprouvantes. C’est dommage car l’alchimie entre tous les comédiens impeccables est toujours présente et l’aspect visuel est particulièrement soigné. Star Trek – Sans limites est un long métrage divertissant qui continue d’emmener l’équipage vers de nouveaux horizons mais ne lui rend pas hommage lorsqu’il s’agit de s’attarder sur ses motivations et tourments.