Au XXIVe siècle, une fédération fasciste fait régner la loi sur notre planète et tente de conquérir les confins de la galaxie. Dans cette société, les jeunes sont formés à l’abnégation, au dévouement total à la patrie et aux sacrifices que cela engage. Parmi les futures recrues de la fédération, Johnny, Dizzy, Carmen et Carl sont fous de joie à l’idée de s’engager dans l’armée. Ils n’ont pas encore conscience du danger que représentent les milliers d’arachnides géants qu’ils sont sur le point d’affronter.
Sorti il y a 20 ans en France, Starship Troopers marque la deuxième collaboration entre le grand Paul Verhoeven et le scénariste Ed Neumeier, après RoboCop. On retrouve dans ce blockbuster hallucinant l’esprit subversif de leur première association, ici poussé à son paroxysme.
Véritable satire dénonçant l’impérialisme américain, en partie financée par une filiale de Walt Disney Company, Starship Troopers a valu à son réalisateur et son scénariste d’être taxés de néo-nazis par certains critiques. Avec un humour féroce que l’on ne retrouve presque jamais dans les productions actuelles, le long-métrage dénonce à l’inverse le totalitarisme avec une vigueur rarement égalée.
Il suffit de regarder les flahs info qui parsèment le film pour comprendre que Verhoven, qui continuait alors de se cramer à Hollywood, envoie une charge contre les médias et contre une certaine image de l’armée. Le second degré est omniprésent dans le long-métrage, en particulier dans ces courtes séquences extrêmement limitées et anxiogènes, à l’image de celles diffusées en boucle sur certaines chaînes d’info en continu.
Il est par ailleurs difficile de prendre au sérieux les personnages principaux, à commencer par ceux interprétés par Casper Van Dien et Denise Richards. Paul Verhoeven s’amuse à faire en sorte que leur dévouement soit à la fois courageux et complètement ridicule. Comme la plupart des films du cinéaste, Starship Troopers ne manque pas de nuances. Si les protagonistes paraissent débiles dans les premières minutes, et ce malgré leurs capacités cérébrales et physiques impressionnantes, le spectateur finit par s’attacher à eux.
Manipulés et obnubilés à l’idée de servir et combattre, les soldats n’en demeurent pas moins solidaires, ce qui donne lieu à des relations d’amitié souvent touchantes, à commencer par celle qui unit Johnny Rico à Dizzy et Ace, respectivement interprétés par Dina Meyer et Jake Busey. On se réjouit également de chaque apparition de Clancy Brown, parfait en instructeur qui rappelle au premier abord le sergent Hartman de Full Metal Jacket avant de se révéler bienveillant.
Par ailleurs, les effets visuels, sur lesquels a notamment travaillé Phil Tippett, qui avait déjà œuvré sur RoboCop, traversent particulièrement bien l’épreuve du temps. Sorti avant la prélogie Star Wars, Starship Troopers paraît nettement plus moderne et ne provoque jamais d’indigestion visuelle. Au contraire, le spectateur est soufflé par de nombreuses séquences, à commencer par la plupart des batailles contre les arachnides mais également par l’explosion du colossal vaisseau Roger-Young. On reconnaît également à travers certaines morts extrêmement brutales le style exacerbé du Verhoeven de Total Recall. Comme dans le reste de sa filmographie, la violence est fulgurante mais sert toujours récit. Elle révèle ici parfaitement le contraste entre la vision qu’ont les soldats de la guerre et la réalité du conflit.
Starship Troopers est une réussite totale de son réalisateur. Aussi féroce que l’était Showgirls envers l’industrie hollywoodienne, ce petit chef d’œuvre bénéficie d’un rythme effréné et d’effets spéciaux impeccables. Le long-métrage se regarde toujours comme un film de sales gosses extrêmement intelligent, réalisé par un cinéaste audacieux qui ne cesse de prendre son spectateur par surprise.