Pendant 60 jours, Damon Gameau s’est appliqué à manger l’équivalent de 40 cuillères à café de sucre, nutriment qu’il avait totalement supprimé de son alimentation depuis plusieurs années. Comme prévu, l’acteur et réalisateur australien a vu son corps se dégrader à toute vitesse et a tenu à partager cette expérience avec des spectateurs à travers le long-métrage Sugarland.
Documentaire qui reprend la formule de Super Size Me de Morgan Spurlock, le film de Damon Gameau ne surprend malheureusement pas par sa forme, ni par son propos. Dans la mesure où les études sur la dangerosité du sucre se multiplient, Sugarland risque en effet de ne rien apprendre aux spectateurs adultes, que ce soit sur le côté addictif de la substance ou sur le fait qu’elle est l’une des plus efficaces pour boucher nos belles artères.
Néanmoins, le long-métrage ne masque jamais sa volonté éducative et prend le temps de dépeindre tous les effets des friandises et autres sodas, mais également d’aliments apparemment sains, sur notre santé. Cela passe notamment par de courts interludes menés par des stars telles que Hugh Jackman, Isabel Lucas ou encore Stephen Fry, qui se prêtent au jeu pour faire passer de façon ludique le message évident du film.
Assisté par des médecins inquiets vis-à-vis de sa démarche de se placer en cobaye, Damon Gameau voit son dynamisme battre de l’aile à mesure que les jours passent. A la fin du documentaire, le spectateur a le sentiment que le réalisateur est tout simplement déprimé à cause de ses nouvelles habitudes alimentaires. Mais au-delà de son évolution personnelle, c’est lorsqu’il va à la rencontre de communautés isolées qui ont fait les beaux jours des industriels que le documentaire se révèle le plus captivant. L’objectif de ces rencontres est notamment de réfléchir à des alternatives possibles et parfois mises en place, même si certaines ont abouti sur des échecs cuisants en raison de la pression exercée par les lobbys.
Hélas, tous ces moments passionnants sont plombés par la démarche personnelle de Gameau, qui finit par devenir agaçante. Le clip qui conclut le film, dans lequel le cinéaste se met en scène dans la peau du sucre machiavélique au cours d’un rap médiocre, renforce d’ailleurs le sentiment que l’entreprise est aussi égocentrique que didactique. À l’image des passages nous immergeant dans le corps humain façon L’aventure intérieure et Il était une fois la vie, cette chanson plaira sans doute davantage aux plus jeunes, cible principale de ce documentaire qui réussit quoi qu’il en soit à aborder un problème de santé publique et ses nombreux enjeux de manière volontairement simple.
Sugarland est disponible en DVD depuis le 4 septembre 2018.