On pensait que la relation de Ted avec Tami-Lynn, ancienne junkie et beauf bostonienne de compétition, allait s’arrêter au début du second épisode. Fort heureusement, les deux tourtereaux vivent leur mariage en toute simplicité. A l’inverse, alors qu’ils étaient repartis sur d’excellentes bases, John et Lori ont du se séparer. Ted et John fument et glandent toujours autant et l’on comprend immédiatement que l’objectif de Ted 2 ne sera pas de transformer ces meilleurs amis en adultes rangés car c’est impossible.
D’emblée, Seth MacFarlane se débarrasse des problématiques de son coup d’essai sans pour autant les oublier. Le but est d’offrir à ses protagonistes une nouvelle trajectoire dans laquelle Ted occupera la place centrale. Accusé de n’être qu’un « bien », l’ourson va devoir se lancer dans une croisade afin de faire valoir ses droits en tant que personne.
Dans ce deuxième épisode, pas question de renier sa personnalité pour s’adapter au monde des grands respectables auquel MacFarlane continue de faire un joli doigt d’honneur à travers son irrévérence. Ted 2 est un film de sales gosses mais pas une œuvre moralisatrice utilisant la comédie pour marteler son message. S’il aborde des thèmes comme la ségrégation ou le mariage pour tous sur lesquels MacFarlane donne son avis, jamais le long métrage n’appuie lourdement sur ses revendications. Le cinéaste rigole des attentats terroristes, de l’affaire Bill Cosby tout en taclant la bien-pensance et encore une fois, tout le monde en prend pour son grade. La vitesse d’enchaînement des gags et la multitude de sujets évoqués font la force de Ted 2.
L’humour de MacFarlane est large et la diversité des thèmes lui évitent de tomber dans la comédie acerbe et faussement provocatrice. Là où certains critiques ont vu « un produit trop sage et réalisé à la va-vite », nous trouvons dans Ted 2 une comédie aboutie au rythme inégal mais cohérent où le seul moteur du récit demeure l’amitié de ses deux personnages principaux. Le réalisateur trouve un équilibre entre la nature de ses héros irresponsables mais extrêmement solidaires et les situations difficiles auxquelles ils sont confrontés.
Dans la première partie, John et Ted se suivent dans un lot de situations anecdotiques qui virent souvent à la catastrophe. Ted veut franchir l’étape de la paternité et cela donne lieu à une séquence déjà culte dans un centre d’insémination. Puis, les embuches apparaissent et le scénario gagne en consistance. Derrière les hilarantes scènes de procès où les bons sentiments ne durent jamais trop longtemps, la bromance n’est jamais mise en retrait. Peu importe où ils vont, Ted et John ne peuvent s’empêcher de balancer des vannes et de se faire des crasses, jusque dans la conclusion qui récapitule toute la force de leur amitié et enlève tout sentiment de complaisance mal caché et toute fausse compassion.
Ted évolue au même titre que son compère et pas toujours dans la même direction mais leur empathie est totale. Heureusement, MacFarlane dissimule tout son propos sur l’amitié derrières ses blagues politiquement incorrectes. C’est ce qui rend Ted 2 encore plus touchant mais aussi plus efficace. Les situations au tribunal et au Comic-Con permettent à MacFarlane de balancer des tonnes de références sur les joies et les dérives de la pop culture et de la politique américaine.
Epaulé solidement par Mark Wahlberg, qui a fini de s’imposer comme l’un des acteurs les plus drôles d’Hollywood, et Amanda Seyfried, de retour après Albert à l’Ouest, MacFarlane prouve avec Ted 2 que l’histoire de cette peluche offre encore des multitudes de récits envisageables qui, on l’espère, verront le jour.