Critique : Terminator Genisys – I, robot

Affiche du film Terminator Genisys. Emilia Clarke et Arnold Schwarzenegger se tiennent debout. Elle tient une tête de Terminator dans sa main droite et un fusil d'assaut dans sa main gauche. A l'arrière plan, le Golden Gate Bridge s'effondre.

Après Jurassic World, voici Terminator Genisys. Les deux films ne peuvent pas faire l’objet d’une comparaison si ce n’est dans leur capacité à reprendre des franchises mythiques pour les détruire en toute impunité. Etant donné que James Cameron, qui aurait adoré ce nouvel opus, récupèrera les droits de la saga en 2019, Paramount s’est activé pour relancer l’univers que McG n’avait pas réussi à s’approprier en 2009 avec Renaissance. Terminator : Genisys tente donc de poser les bases d’une nouvelle trilogie tout en gardant l’essence de la série.

Après une introduction expéditive nous présentant la guerre entre Skynet et la résistance survenue après le Jugement dernier, nous nous retrouvons une nouvelle fois en 1984. Malheureusement, James Cameron n’est plus aux commandes, Michael Biehn est remplacé par Jai Courtney et Schwarzenegger n’a plus la forme d’antan. Si les effets numériques sont impeccables, le plaisir que l’on éprouve vient uniquement de la nostalgie que l’on ressent en redécouvrant cette tragédie où Sarah Connor et son fils John font tout pour échapper au destin qui leur est imposé.

Genisys surfe d’ailleurs sur l’idée de pouvoir choisir et écrire le futur. Cependant, là où Cameron réussissait à allier science-fiction et anticipation à des questions universelles, le propos repris dans cet épisode n’est utilisé que pour justifier l’existence de plusieurs timelines et donc la possibilité de revoir sans limite l’histoire de Terminator, même si l’on doit pour cela sacrifier toute l’âme des deux premiers épisodes. L’histoire d’amour impossible entre Sarah Connor et Kyle Reese est transformée en bluette prévisible. L’ambiguïté de John Connor, chef de guerre impassible et sauveur de l’humanité, est sacrifiée au profit d’avancées technologiques qui n’apportent rien au récit. L’intelligence artificielle n’a plus qu’une vocation meurtrière et le message sur l’humanité inconsciente de son autodestruction disparaît pour laisser place à la dangerosité et l’omniprésence des réseaux sociaux.

Photo d'Emilia Clarke, Arnold Schwarzenegger et Jai Courtney dans le film Terminator : Genisys. Leurs personnages se tiennent debout autour d'une table et étudient un plan.

Le long métrage laisse volontairement quelques questions en suspens, à l’image de l’envoi mystérieux du T-800 dans l’enfance de Sarah Connor. Malheureusement, Taylor peine à susciter notre curiosité, que ce soit à travers ses séquences spectaculaires conventionnelles ou dans sa manière d’aborder des ficelles scénaristiques qui ressassent des éléments familiers.

La seule satisfaction que l’on tire de ce Terminator : Genisys est la présence d’un Arnold Schwarzenegger vieillissant et dont on sent le plaisir à retrouver le rôle qui a fait sa légende. Si l’on se serait passé de certaines vannes foireuses, on apprécie la mise en retrait du personnage iconique et ses regards bienveillants qui font écho à son interprétation dans Terminator 2. Evidemment, les dialogues ne sont que des clins d’œil aux répliques les plus connues mais c’est lorsqu’il est relégué au second plan que Schwarzenegger parvient à nous faire sourire et nous toucher. Le seul vestige de cette mythique saga, c’est lui. Malheureusement, et comme c’est souvent le cas ces derniers temps, Schwarzenegger met son énergie au profit de cinéastes qui ont une vision de mise en scène bien inférieure à celle de réalisateurs comme Cameron ou John McTiernan (Predator). Le cadrage télévisuel d’Alan Taylor (Game of Thrones) et cette incessante quête de la punchline old school auraient suffi à transformer la star de l’action en ridicule bête de foire. Heureusement, Schwarzenegger réussit à s’en détacher et s’impose comme le seul intérêt de cet objet qui cumule les casquettes de suite, reboot et remake.

Entre protagonistes secondaires oubliés (J.K Simmons, Matt Smith), comédiens qui ne collent pas à leur personnage (Jason Clarke, pourtant irréprochable dans bon nombre de films) et incapacité à développer des enjeux dramatiques, Terminator : Genisys est la déception à laquelle on s’attendait. Là où Cameron réussissait à nous faire vivre viscéralement la volonté de Sarah Connor de préserver la vie de son fils, Taylor préfère mettre l’accent sur une romance qui n’a aucune importance et qui semble être le triste moteur de cette nouvelle trilogie qui ne se démarque en rien des blockbusters actuels.

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