Critique : The Two Faces of January – En avoir ou pas

Affiche de Two Faces of January sur laquelle nous voyons le trio d'acteurs au milieu de colonnes grecques.

Premier long métrage d’Hossein Amini, scénariste de 47 Ronin et Drive, The Two Faces of January est une œuvre discrète qui regroupe pourtant l’un des castings les plus élégants de l’année. Si les mentions « Par les producteurs de » sont généralement loin d’être dignes de confiance, la présence de Viggo Mortensen, Kirsten Dunst et Oscar Isaac a de quoi rassurer et attiser la curiosité. Et si le film n’est qu’un thriller mineur, il reste cependant extrêmement agréable, notamment grâce aux prestations de ses trois acteurs chevronnés qui se bonifient avec le temps.

Adapté d’un roman de Patricia Highsmith, le long métrage s’ouvre sur un paysage idyllique, le Parthénon d’Athènes, autour duquel un couple célèbre son amour lors d’un séjour paradisiaque. La réalité les rattrape lorsqu’un homme est envoyé pour réclamer une somme d’argent au mari, accusé d’avoir vendu des actions d’une société pétrolière inexistante. Pour fuir et éviter les complications, le couple demande de l’aide à un jeune américain reconverti en guide touristique dans les rues d’Athènes.

L’Europe ensoleillée des années 60, le triangle amoureux et les faux-semblants de Two faces of January rappellent évidemment Plein Soleil et Le talentueux Mr Ripley, autres transpositions à l’écran des romans de Highsmith. A l’inverse de ces deux œuvres, les événements qui touchent les protagonistes ne sont en rien prémédités. Tous les personnages sont victimes d’un concours de circonstances aux répercussions dramatiques. C’est d’ailleurs ce qui fait tout le charme du film. Nous découvrons trois êtres humains désemparés, qui subissent chaque péripétie et sont forcés de s’adapter, avec plus ou moins de réussite. S’ils se trahissent et se mentent, ils sont constamment rattrapés par leur part d’humanité et leur manque de cruauté.

Photo de Viggo Mortensen, Oscar Isaac et Kirsten Dunst dans le film Two Faces of January. Les trois acteurs contemplent un paysage des îles grecques.

Perdu entre sa jalousie, son instinct de survie et l’amour qu’il porte à sa femme, le personnage interprété par Viggo Mortensen est bien plus complexe que le Greenleaf de Plein soleil. Ripley est un modèle d’ambiguïté, de subtilité et de classe, qu’il soit interprété par Alain Delon ou Matt Damon, mais Oscar Isaac n’a rien à leur envier. Le prodige d’Inside Llewyn Davis est plus chaleureux, plus faible et donc plus attachant que ses prédécesseurs. Les rapports entre les deux hommes sont clairement le point fort du film. En constante confrontation, ils ne cessent d’évoluer jusqu’à la scène finale, évidente mais efficace et en accord avec tout le propos du long métrage.

Si The Two Faces of January est clairement en dessous des deux autres adaptations de Highsmith, c’est parce que son récit manque légèrement de souffle dans sa première partie, une exposition qui traîne pour déstabiliser les attentes du spectateur afin de mieux le surprendre par la suite. Elle représente, à nos yeux, la seule faille dans le scénario d’Hossein Amini. En revanche, sa mise en scène conventionnelle apporte trop rapidement les solutions au spectateur. Propre et sans fioriture, il lui manque cette touche de subtilité qui caractérisait le très malin et émouvant La Taupe, l’un des plus beaux chefs d’œuvre de ces dernières années.

Porté par un trio d’acteurs remarquable, The Two Faces of January aurait pu toucher à l’excellence avec la présence d’un réalisateur chevronné. Scénariste émérite, Hossein Amini signe néanmoins un thriller old school tout à fait honorable. Les comédiens, le paysage et les nombreux rebondissements en font un objet charmant à défaut d’être indispensable.

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