Les films Marvel s’enchaînent et rassemblent un public de plus en plus large. Pourtant, mis à part le premier épisode de Captain America, tous les longs métrages ont laissé un goût amer à cause de leur formatage et leurs passages obligatoires répétés jusqu’à l’écœurement. Aujourd’hui, les super-héros mangent des fallafels ensemble et s’envoient des punchlines en pleine bataille. C’est cool et c’est justement ça le problème.
Kevin Feige, le président de Marvel Studios, a la volonté de proposer un cinéma fun qui vise principalement les adolescents mais qui manque clairement d’ambitions. Et sa mainmise se ressent clairement au début de Thor : Le monde des ténèbres. Les méchants nous sont présentés dans une introduction bâclée et assez moche visuellement. Rapidement, nous retrouvons le bodybuildé bricoleur dans une séquence de combat qui nous rappelle que si nous voulions de la bataille épique, il fallait plutôt attendre le prochain Hobbit. En revanche, le one man show est assuré et le blondinet rebelle n’arrête pas de rigoler à ses propres vannes lorsqu’il élimine ses ennemis en un coup de marteau.
Cette suite commence donc assez mal et nous laisse présager le pire. Une nouvelle fois, Thor va devoir combattre un ennemi qui veut détruire l’univers et protéger Jane Foster, contaminée par une force surnaturelle. On connaît déjà tous la fin, étant donné que Feige nous livre des produits et non plus des films mais l’on garde tout de même l’espoir d’être surpris en cours de route.
Si nous étions enthousiastes pour la suite, c’est parce que ce n’est plus Kenneth Branagh (Frankenstein) aux manettes mais Alan Taylor, qui a œuvré pour des séries cultes telles que Les Soprano et Game of Thrones. Et ce choix s’avère payant puisque Taylor insuffle un nouveau souffle au long métrage après ses 45 minutes d’exposition. Thor : Le monde des ténèbres se déroule essentiellement sur Asgard et cela permet de développer les enjeux dramatiques passés à la trappe dans le premier opus. Des personnages comme ceux d’Idris Elba (Luther) et Jaimie Alexander (Le dernier rempart) gagnent en épaisseur. Les conflits familiaux de Thor sont mieux abordés et l’on s’étonne même d’être émus par certaines séquences touchantes.
Chris Hemsworth a gagné en sobriété et en charisme mais il se fait quasiment voler la vedette par Tom Hiddleston, moins cabotin que dans le rassemblement des Avengers. Loki est le personnage le plus intéressant de l’univers et ses scènes avec son frère dans la dernière partie sont un véritable plaisir. On se demande toujours pourquoi l’excellente Natalie Portman est dans la saga. Son rôle est beaucoup trop lisse et la comédienne a l’air de se demander ce qu’elle est venue faire dans cette galère.
A part ça, Thor 2 comporte une débauche d’effets spéciaux réussis, des références à Star Wars à foison, des scènes de combats souvent illisibles et prévisibles, un méchant insipide pourtant incarné par le génial Christopher Eccleston (28 jours plus tard), des caméos sympatoches et une conclusion post-générique qui nous confirme que l’on n’est pas près d’en avoir fini avec les films Marvel. Bientôt, les 67 super-héros trop classes et trop puissants seront réunis dans un seul long métrage et le temps de présence de chaque comédien sera de cinq minutes. Mais cela permettra aux Robert Downey Jr, Chris Evans et autres Scarlett Johannson d’avoir du travail jusqu’à leurs 84 ans. On s’imagine déjà en train de suivre leurs aventures en fauteuil roulant sur la télévision commune de la maison de retraite. Iron Man en déambulateur et la Veuve Noire dégoulinante de botox sont des situations qui peuvent déboucher sur un scénario original, finalement.