Rappeur de la région parisienne, Far’Hook est obligé de quitter son quartier pendant un temps suite à une rivalité qui a failli lui couter la vie. Pour se faire oublier avant un concert fatidique à Marseille, Far’Hook accompagne le père de son meilleur ami sur les routes de France pour un séjour où les deux hommes vont confronter leurs différends et leurs points de vue sur de nombreux sujets.
L’exposition de Tour de France est si rapide qu’elle paraît presque bâclée. Tourné en un mois et demi, le long métrage de Rachid Djaïdani s’ouvre sur des plans où l’on voit le rappeur dans son environnement et où l’on découvre sa passion absolue pour son art. Représentatives d’une culture hip-hop extrêmement riche, les images rappellent de nombreux clips et longs métrages phares sur le sujet.
Pourtant, malgré tout notre attachement au mouvement et aux références de l’ouverture, on peine à s’attacher à Far’Hook. Des répliques sonnent parfois faux et l’on redoute une confrontation caricaturale par la suite entre les deux comédiens principaux.
Pourtant, dès que le rappeur quitte Paris et entame son voyage sur les routes avec Serge, un solitaire lui aussi focalisé sur son art, la peinture, le rythme s’apaise et Rachid Djaïdani met en scène des échanges bien plus justes que ceux des premières minutes.
La bonhommie de Depardieu et son sens inné de la provocation rehaussent le niveau et permettent à Sadek de faire face à un comédien légendaire. Le rappeur n’est jamais ridicule face à lui et si l’on devine immédiatement le propos fédérateur de l’œuvre, jamais l’on ne s’ennuie durant leur voyage. Leurs discussions et le message de Tour de France ont déjà été vus au cinéma ou entendus dans la musique avec plus de subtilité mais fonctionnent grâce au talent des deux acteurs. Certains plans aériens de Rachid Djaïdani, les références historiques que Depardieu enchaîne avec envie et les freestyles de Sadek paraissent sincères en permanence et sont dévoilés avec simplicité.
Des séquences freinent le rythme, la romance de l’œuvre n’est pas indispensable mais on les oublie dès que Depardieu et Sadek reprennent le pas. Leurs rapports sont bien plus touchants que ceux entre Serge et son fils. A l’écran, on ne voit qu’eux et l’on a parfois envie que les personnages secondaires s’effacent pour leur laisser toute la place. Après Saint Amour, Depardieu retrouve un rôle dans lequel il exprime des regards tendres et bienveillants qui font toujours leur effet.
Le film se conclut dans la précipitation et l’on ressent à nouveau cette sensation de rapidité d’exécution. On se console avec l’apparition de Yasiin Bey, anciennement appelé Mos Def, figure légendaire du hip-hop dont l’incroyable carrière est en cohérence avec le message du film.
Grâce à leur passion respective, le fossé entre les deux générations s’efface. Cette manière de montrer l’importance de l’art sous l’angle du road trip et du rapprochement entre deux supposés antagonistes n’est pas la plus originale mais on se laisse néanmoins embarqué avec un plaisir certain.