Critique : Wind River – Le Territoire des loups

Affiche du film Wind River réalisé par Taylor Sheridan. On peut voir au centre de l'affiche les personnages d'Elizabeth Olsen et Jeremy Renner au milieu d'un territoire enneigé. Olsen porte un badge du FBI. Renner est armé d'un fusil.

Cory Lambert piste des prédateurs dans la réserve indienne de Wind River, dans le Wyoming. Alors qu’il est en pleine traque, Cory retrouve le corps sans vie d’une jeune femme qui habite dans les environs. Le FBI envoie Jane Banner pour résoudre ce meurtre. Manquant de temps et ne connaissant ni la nature ni les personnes isolées qui y vivent, l’enquêtrice va solliciter l’aide de Cory pour tenter de retrouver le coupable.

Après avoir signé les scripts de Sicario et Comancheria, Taylor Sheridan repasse à la réalisation avec Wind River, en plus de son rôle de scénariste. Présenté comme le dernier volet d’une trilogie nous immergeant dans les terres isolées des Etats-Unis, Wind River bénéficie du scénario de Sheridan le plus épuré et le plus sobre.

Après les terres arides du Texas et du Mexique, Sheridan nous plonge cette fois-ci dans des étendues sauvages bien plus glaciales. Au-delà des plans aériens qui nous dévoilent l’immensité et le vide du paysage, c’est surtout le personnage de Cory Lambert qui capte notre attention.

Jeremy Renner succède à Chris Pine et Benicio Del Toro pour incarner un père brisé et en lutte avec l’environnement hostile qui l’entoure. L’acteur trouve ici l’un de ses meilleurs rôles, prouvant que l’on ne peut le résumer à ses performances fades dans les longs métrages du Marvel Cinematic Universe.

Photo de Jeremy Renner et Tokala Clifford assis dans un jardin en train de discuter dans le film Wind River de Taylor Sheridan. Tokala Clifford a le visage recouvert de peintures.

La bienveillance de Lambert détonne habilement avec la nature de son métier. Grâce à son personnage, Taylor Sheridan évite les longs discours sur la nature impitoyable. En quelques scènes de chasse, le spectateur comprend la difficulté de se déplacer et de vivre sur ces terres enneigées et prend davantage conscience du calvaire de la jeune victime.

Wind River présente un cadre oublié et une population mise de côté avec une sobriété qui l’empêche de devenir démonstratif et lourd. L’enquête est prenante et Taylor Sheridan s’offre un basculement narratif particulièrement efficace pour éviter le manque de surprise des révélations finales.

Cela lui permet également de ne pas concentrer son propos sur le meurtre en question, dont la gravité et les conséquences ne sont jamais négligées, mais sur les conditions de vie des amérindiens dans la région. Le cinéaste met en avant la dignité face à l’horreur et la tristesse provoquées par l’isolement. Pour cela, il s’attarde sur certains détails nettement plus évocateurs que les dialogues.

Photo d'Elizabeth Olsen et Jeremy Renner dans le film Wind River de Taylor Sheridan. Les deux acteurs sont dans une forêt enneigée. Jeremy Renner est armé d'un fusil.

Le regard qu’Elizabeth Olsen porte sur cet environnement permet par exemple au spectateur de s’immerger davantage dans ce cadre magnifique mais profondément dur. La fracture entre les autorités locales et fédérales est visible mais Wind River n’est emprunt d’aucune condescendance dans les rapports humains qu’il présente, que ce soit du côté de la police ou du FBI.

La solidarité se crée naturellement au fil de l’œuvre sans que les relations ne deviennent mielleuses. Taylor Sheridan confronte intelligemment l’âpreté du sujet et du Wyoming à l’humanité des personnages qui y font face. Certains dialogues sont téléphonés. Ils laissent  néanmoins percevoir en permanence l’intérêt que le cinéaste porte à ses thèmes de prédilection.

Ces échanges témoignent toujours de la sincérité d’un réalisateur impliqué qui se révèle ici être un excellent directeur d’acteurs. Wind River s’impose donc comme un polar certes prévisible mais extrêmement solide, notamment grâce à ses personnages qui font preuve d’une retenue souvent bouleversante.

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